Il n’est pas question de toucher 10 mille francs Cfa. C’est le mot d’ordre des danseurs qui ont tenu, hier, une conférence de presse pour s’en indigner.
Trois milliards de francs Cfa sont à distribuer dans la culture. Cela pour aider les acteurs du secteur à faire face à mauvaise passe occasionnée par la Covid-19. Mais, les danseurs professionnels crachent sur la somme de 10 mille francs Cfa qui leur revient. Ils n’ont pas manqué l’occasion d’exprimer leur déception après avoir fait le calcul d’épicier. Selon Malal Ndiaye, président de la Fédération des ballets et danses du Sénégal et membre du comité danse Covid-19, le chiffre de 50 millions de francs Cfa est très insuffisant surtout si on veut faire le partage entre 5 000 danseurs. Cela fait 10 mille francs par personne. A l’en croire, le geste est noble, mais il faut qu’on revoie cela pour que le partage soit équitable. Mieux, trouve-t-il, «il nous faut, au minimum 500 millions de francs Cfa». M. Ndiaye a fait cette estimation, hier, dans la matinée avant leur rencontre de l’après-midi avec la tutelle pour voir comment arrondir les angles. De son avis, «en toute sincérité, on ne pourra pas donner 10 mille francs Cfa à un danseur pour le partage».
Le fait que les danseurs reçoivent la somme qu’ils rejettent est en partie lié au fait qu’ils n’aient pas été impliqués sur toute la chaine. «Le comité pour la danse avait à faire des propositions pour le secteur. On ne nous a pas écoutés par rapport à nos propositions. On nous a mis devant les faits en nous annonçant qu’une réunion va se tenir. Venus à la réunion, on nous met devant le fait accompli en nous racontant des histoires. On n’a pas eu le temps de donner nos propositions, nos arguments», s’indigne le porte-parole en marge de leur conférence d’hier. Poursuivant, il rappelle qu’il y a un préalable avant de procéder au partage. «Il faut savoir d’abord le nombre de danseurs pour faire un partage. On était à plus de 1 000 danseurs pour Dakar. On n’était pas convié pour dire ce qu’on donne à la danse. On a juste balancé un chiffre de 50 millions de francs Cfa. On avait pourtant fait un rapport. Il y avait un travail à faire au préalable avec les acteurs pour leur demander », déplore M. Ndiaye.
Des indignations n’ont pas manqué. «On ne nous considère pas. Pourtant, on participe à l’économie », crie-t-on. Ce qui écœure les artistes, c’est la part congrue qui leur est réservée. Omar Sène, chorégraphe et directeur de festival, rappelle, par exemple, que c’est 100 millions de francs Cfa qui sont donnés aux communicateurs traditionnels, plus d’un milliard de francs Cfa aux musiciens, 200 millions de francs Cfa, au théâtre. Selon le créateur, c’est un manque de respect. «Nous réclamons notre droit, la légalité d’autant que nous sommes des ambassadeurs et contribuons à l’économie du Sénégal. Toucher cet argent c’est cautionner le manque de respect», s’indigne M. Séne.
Emile DASYLVA