Face au mutisme du Garde des Sceaux depuis leur première sortie, les greffiers et corps assimilés exigent la mise en œuvre de leurs doléances approuvées par le chef de l’Etat. Leurs revendications consignées dans le protocole d’accords de 2018 tournent autour de plusieurs points : plan de carrière, fonds communs…
Le divorce est presque consommé entre les greffiers et corps assimilés et le ministère de la Justice. Après une première mise en garde, la semaine dernière, à l’endroit du Garde des Sceaux, Me Malick Sall, les travailleurs de la Justice reviennent à la charge. Cela, au sujet des lenteurs notées dans l’effectivité de leurs revendications approuvées par le chef de l’Etat. Lesquelles revendications, soutiennent-ils, ont été le fruit de longues luttes syndicales. Des combats qui avaient fait l’objet de négociations aboutissant à un protocole d’accords signé le 17 octobre 2018, entre le gouvernement du Sénégal et le Syndicat des travailleurs de la Justice (Syjust). «Depuis sa prise de service le 16 avril 2019, Me Malick Sall n’accorde aucune attention sérieuse à la mise en œuvre et à l’effectivité des réformes entreprises par le Gouvernement en réponses aux revendications du Sytjust. Sa posture a fait que, depuis plus d’une année, les travailleurs de la Justice souffrent d’une absence de prise en charge efficace de leurs doléances. Il n’a pas mis en place, jusqu’à ce jour, un quelconque comité ou même désigné un point focal chargé du suivi-contrôle-évaluation de la mise en œuvre des réformes qu’il a trouvées bien en place», déplore les travailleurs dans un communiqué signé par leur secrétaire général, Me Elhadji Ayé Boun Malick Diop. Dans la note transmise à la presse, on peut lire : «Le tâtonnement et le pilotage à vue sont, depuis lors, érigés en mode de gestion et d’administration des préoccupations basiques des travailleurs. Cela explique certainement qu’il n’a daigné recevoir en audience le bureau exécutif national du Sytjust qui a pourtant déposé un préavis de grève depuis le 6 février 2020».
Cette absence de réaction du Garde des Sceaux est un précédent historique dans les relations entre la Chancellerie et le Syjust, syndicat le plus représentatif dans le secteur de la Justice au Sénégal. Selon les syndicalistes, Me Maclick Sall doit veiller attentivement à la finalisation de la mise en œuvre du protocole. Pour cela, disent-ils, il lui incombe de soumettre un projet de décret à la signature du président de la République qui, sur cette question, a affiché sans équivoque sa volonté politique. «Ce projet de décret, élaboré depuis février 2019, est pris au piège dans les méandres de la bureaucratie de la Chancellerie qui, visiblement, fait un blocage qui ne suscite aucune réaction du patron des lieux», déplorent les greffiers et corps assimilés. «Il doit assurer la publication des décrets n° 2018 – 2259 du 14 décembre 2018, n° 2018 – 2260 du 14 décembre 2018 et n° 2018 – 2261 du 14 décembre 2018. Ces décrets revêtent un grand intérêt pour le Sytjust dans la mesure où leur effectivité améliorera sensiblement les conditions sociales des travailleurs de la Justice qui sont dans une extrême précarité du fait de la faiblesse de leurs revenus», ajoutent-t-ils.
Salif KA