CONTRIBUTION
La liberté provisoire accordée ce mercredi 3 juin 2020 à l’ancien député Seydina Fall alias Boughazali, pris en flagrant délit de trafic et de possession de fausse monnaie, est la suite logique de la déliquescence de la justice sénégalaise. Personne aujourd’hui au Sénégal ne peut soutenir de bonne foi que la magistrature tient encore à l’égalité de droits de nos compatriotes devant la justice. Quelle mouche a pu piquer, voire contraindre en cette période de pandémie du coronavirus, le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye et le doyen des juges Samba Sall à accorder leurs violons pour offrir au député – faussaire , le délinquant Boughazali, l’opportunité de humer l’air de liberté au moment où d’autres compatriotes pour des délits beaucoup moins graves que le crime commis par ce représentant indigne du peuple, membre du clan Faye – Sall, attendent depuis des années l’espoir d’un jugement ?
Pour ces gens du peuple, la justice politicienne sénégalaise traîne les pieds et ne se préoccupe nullement de leurs dures conditions de détention, mieux, de leur oubli carcéral. Nos nantis, ces paresseux et profiteurs à souhait de la haute société de parvenus ne s’en offusquent pas et nous sermonnent à longueur de journée que le temps de la justice est tout autre et obéit à d’autres paradigmes que nous autres citoyens lambda avons du mal à intégrer et à comprendre. Soit ! Et que dire, voire que penser de ces gens qui tiennent ce discours à la fois faux et malhonnête alors qu’ils savent pertinemment qu’aucun détenu du bas peuple, auteur de quelques larcins tels que le vol de poulet ou la possession d’un joint de yamba n’obtiendra jamais une liberté provisoire. Le procureur de République ou le doyen des juges préfère les confiner dans des conditions extrêmes qui relèvent à bien des égards de la torture ou de la pure barbarie. Leurs conditions dégradantes de détention ne les émeuvent guère et ils préfèrent de loin secourir leurs acolytes et compagnons de jouissance, qui pourtant sont de véritables fossoyeurs de nos valeurs, de pilleurs éhontés de nos maigres ressources publiques.
Cette symphonie diabolique du procureur et du doyen des juges est une autre provocation, une autre tentative malsaine de forcer le passage en dépit du simple bon sens et de la loyauté. Que cherchent ces deux hommes à prouver encore au chef de clan Macky Sall, l’apprenti – dictateur qui s’essaie à jouer au dur avec les plus faibles d’entre nous au moment même où il se range par faiblesse, voire par manque de courage du côté des criminels de tous bords, ou qu’il donne libre cours à Sénac de faire ce que bon lui semble de la gestion de nos autoroutes à péage afin de ne pas mécontenter son patron Emmanuel Macron ? Ou est-ce une confirmation de leur servitude volontaire assumée au chef de clan Macky Sall contre les intérêts intrinsèques du peuple sénégalais ?
Hier, c’était en faveur du trafiquant guinéen de faux médicament par le biais d’une grâce présidentielle et encore en faveur d’autres dealers de drogue dure, ou encore le musicien Thione Seck poursuivi également pour détention de faux billets de banque. Aujourd’hui, c’est au tour du falsificateur de monnaie, l’ex-député Boughazali de retrouver sa vie d’antan auprès de sa famille, loin de Rebeuss, un lieu où il n’aurait dû jamais quitter avant que la justice ne tranche cette affaire rocambolesque.
Après ce forfait ignoble qu’ils ont accepté d’accomplir, que personne ne vienne nous dire que la justice sénégalaise est juste et impartiale. Ces magistrats manquent de courage, de loyauté et ne sont plus dignes de prendre la défense des intérêts du peuple sénégalais. Ils ont immanquablement failli à leur devoir puisque rien ne saurait justifier leur décision qui ne repose sur aucune base légale. En vérité, de très lourdes charges pèsent sur Boughazali et ils ne peuvent pas l’ignorer. Ce sinistre individu a planifié une tentative de sabordement et de déstructuration de l’économie sénégalaise. Il est impératif d’encadrer ce pouvoir discrétionnaire du procureur de la République et du doyen des juges parce qu’il est disproportionné vu l’étendue de leurs prérogatives et n’obéit à aucune règle de justice et de responsabilité dans la conduite de l’action publique. Des garde-fous doivent être balisés afin d’éviter que de telles actions continuent à violer manifestement notre droit à une protection exemplaire de l’intérêt général. Ce coup de théâtre ou cet abus de pouvoir du parquet est un signal, voire un encouragement aux grands criminels de ce pays.
Ce coup de Jarnac est une indication claire du chef de clan Macky Sall et de ses complices dans l’administration judiciaire à l’endroit du peuple pour nous signifier que ce pays est leur propriété et qu’ils comptent le gérer dans l’opacité et dans la violation systématique des lois et règlements. Et pourtant, toute cette bassesse ne doit étonner personne. Le chef de clan Macky Sall est un habitué des faits. Depuis qu’il est à la tête de cette République bananière, tous les crimes même les plus infâmes sont pardonnés aux membres de son clan. Nous pouvons en citer des dizaines que ce même procureur Serigne Bassirou Guèye refuse d’instruire alors qu’il ne cesse de harceler nos compatriotes pour de simples délits d’opinion. Il pouvait dans bien des cas faire preuve de pédagogie voire d’indulgence afin d’éviter coûte que coûte la prison à certains de nos compatriotes (cas de l’activiste Guy Marius Sagna ou d’Abdou Karim Gueye et d’autres encore qui subissent au quotidien la vengeance sournoise du chef de clan Macky Sall ).
Avec toutes ces injustices au grand jour, le chef de clan Macky Sall et ses hommes de main, sa galaxie de troubadours composée principalement d’anciens défenseurs de la démocratie, de la justice sociale, de la liberté d’expression ne doivent pas s’étonner que des voix fusent de partout pour dénoncer de manière vigoureuse leur gestion sombre, nauséabonde et vicieuse du pouvoir, mais également d’entendre par ici et là des paroles désobligeantes que la morale et la pudeur condamnent et qui nous renvoient à un niveau sans précédent du délitement de nos valeurs.
Toutefois, le chef de clan Macky Sall, par sa gestion patrimoniale et désastreuse du pays est le seul et unique responsable de la chienlit qui prévaut aujourd’hui au Sénégal. Ignorer cet état de fait incontestable, le nier, c’est se fourrer le doigt dans l’œil. Nous persistons à penser que Macky Sall, par sa gestion solitaire du pouvoir, par son incompétence mise à nu en cette période de pandémie, par ses prises de liberté à enfreindre encore, davantage et toujours les règles de bonne gestion, mais aussi les lois et règlements du pays, par sa faiblesse et par son manque de courage à prendre les bonnes décisions à temps pour assurer la protection de nos concitoyens, est aujourd’hui une menace bien réelle à la sécurité de notre nation. Ceci n’est pas une simple vue de l’esprit ni une prise de position partisane, mais la réalité objective de la situation du pays.
En dernier lieu, j’aimerais bien attirer l’attention du procureur Serigne Bassirou Guèye et du doyen des juges Samba Sall que le pouvoir du chef de clan Macky Sall et leurs positions actuelles dans la hiérarchie judiciaire ne sont pas éternelles et qu’ils doivent prendre leurs responsabilités en refusant de cautionner ses manœuvres perfides, si ce n’est trop leur demander. A défaut, lorsque le chef de clan Macky Sall et sa bande d’incapables en auront fini avec leur politique abjecte d’asservissement de la justice, il ne restera au peuple que de ramasser ce corps souillé à outrance de la magistrature et de l’ensevelir dans les décombres de l’histoire. Un peuple quel qu’il soit, a vivement besoin d’une justice libre et indépendante, même si cette dernière est à parfaire et demande la contribution de toutes les souches de la population.
Aujourd’hui, la gestion du pouvoir du chef de clan Macky Sall est devenue une sorte de poudrière et nous conduit droit au mur. Il en va de la responsabilité de tout un chacun de protéger notre pays dans la droiture, la loyauté, la responsabilité et avec un sens élevé de l’égalité de nos concitoyens devant la justice. Une injustice prolongée et faisant office de mode de gestion du pouvoir n’entraîne que le refus d’obtempérer à l’autorité et ouvre la porte immanquablement à l’affrontement. Il revient de droit aux autres magistrats indignés de dénoncer cette imposture. Sinon, leur silence équivaudrait à un aveu d’impuissance, voire de complicité outrageante aux frasques immondes du chef de clan Macky Sall.
Massamba NDIAYE