Le milliard 400 millions de l’aide à la presse n’a pas fini de soulever des vagues. Après les protestations du Cdeps, c’est au tour de l’administrateur de Forte impression Sa, éditrice du journal satirique Le P’tit Railleur Sénégalais, de déposer une série de plaintes contre le ministre de la Culture et de la communication Abdoulaye Diop, les membres de la commission d’attribution, Mame Goor Diazaka et X pour détournement de fonds publics, enrichissement sans cause.
Non content de s’être attiré les foudres des patrons de presse, le ministre de la Culture et de la communication va devoir aussi s’expliquer devant la justice et devant les corps de contrôle. Après le partage du milliard quatre cent millions de francs de l’aide à la presse de cette année, Abdoulaye Diop a dû faire face aux grincements de dents du Conseil des diffuseurs de presse du Sénégal (Cdeps). Cette fois, il devra fournir des explications au président de la République et peut-être même payer 300 millions de francs Cfa, si jamais la plainte introduite par Ibrahima Fall, administrateur de Forte impression Sa, éditrice du journal satirique Le P’tit Railleur Sénégalais, venait à être entendue. «J’ai l’honneur, par la présente, en ma qualité de directeur de publication du journal satirique Le P’tit Railleur Sénégalais, et en espérant que l’Inspection générale d’Etat sera saisie, de dénoncer avec la dernière énergie les membres de la commission d’attribution de l’aide à la presse, pour détournement de fonds publics, Monsieur Abdoulaye Diop, le ministre de la Culture et de la communication, pour complicité, le dénommé Mame Goor ‘’Diazaka’’ pour complicité de détournement de deniers publics et enrichissement sans cause et X, pour enrichissement sans cause, complicité de détournements de deniers publics, visant tout individu qui en aurait bénéficié indûment, pour enrichissement sans cause», écrit M. Fall dans la missive qu’il a adressée au Président Macky Sall.
Le P’tit Railleur Sénégalais, journal satirique qui existe depuis 7 ans, s’étonne de ne pas figurer dans la grille de répartition de l’aide à la presse au moment où le chanteur Mame Goor Diazaka et son site web sont servis. «Les mystères qui entourent la liste des bénéficiaires de cette aide estimée cette année à 1,4 milliard de francs Cfa, contre 700 millions de francs Cfa les années précédentes, nous confortent dans nos doutes quant à l’équité de la répartition de cette aide dont la destination initiale est manifestement détournée», estime le journaliste satirique qui s’est fait un nom dans la presse sous le sobriquet de Ibou Fall.
Auteur de six ouvrages dans la série des «Sénégalaiseries», Ibrahima Fall est journaliste depuis trente ans, écrit-il dans sa lettre. «Tant que c’était une affaire de critères, je pouvais être d’accord. Mais qu’on me dise que Mame Goor est sur la liste, je considère qu’on a insulté 30 ans de journalisme et je ne laisserai pas passer. Je le suivrai jusqu’au but», assure M. Fall au bout du fil. Ibrahima Fall, qui réclame «un dû et réparation du préjudice», en appelle aussi aux organes de contrôle de l’Etat. «Plainte a été déposée auprès du procureur de la République afin que le droit soit dit dans cette nébuleuse. Nous espérons que l’Inspection générale d’Etat se penchera sur la gestion de ces fonds qui finalement causent plus de torts à la profession qu’ils ne lui profitent», note M. Fall.
De même, la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), l’Office national de lutte contre la corruption (l’Ofnac), le Conseil économique, social et environnemental (Cese) et l’Assemblée nationale seront saisis pour l’ouverture d’une enquête, notamment parlementaire. Et pour finir, le ministre lui-même a été servi par une lettre au ton hardi : «Ce que je peux vous dire, en prenant l’opinion à témoin : libre à vous de donner de la confiture aux cochons, mais vous n’insulterez pas trente ans de journalisme impunément.»
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