Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) dément le ministère de la Communication et de la Culture qui, à travers son directeur, a affirmé que le CDEPS a demandé aux patrons de presse de boycotter l’aide à la presse. Mamadou Ibra KANE et Cie dénoncent ainsi cette nébuleuse qui tourne autour de cette cagnotte d’un milliard 400 millions de francs CFA.
La manière dont l’aide à la presse a été répartie continue de faire grincer des dents au sein du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS). Dans un communiqué rendu public, hier, le président du CDEPS Mamadou Ibra KANE et ses camarades rappellent qu’ils ont été informés, lundi 4 mai 2020, par le ministère de la Culture et de la Communication, de la disponibilité de l’aide à la presse, sous forme de chèques à retirer par les entreprises de presse. Mais grande a été leur surprise quand les entreprises ont découvert que les montants alloués étaient simplement dérisoires par rapport à l’enveloppe de 1 milliard 400 millions de francs CFA, annoncée par le président de la République, lors de son audience avec les acteurs des médias.
Selon eux, depuis, le ministère de la Culture et de la Communication mène une campagne de «dénigrement du patronat de la presse et abuse l’opinion publique sénégalaise par la désinformation». «Le CDEPS n’a jamais donné un mot d’ordre de boycott du retrait des chèques comme l’a affirmé le Directeur de la Communication sur les antennes de la RTS mercredi soir, tout comme ce dernier de manière fallacieuse a prétendu que les montants alloués aux entreprises de presse ont été doublés, voire triplés. De même, le ministère de la Culture et de la Communication affirme de manière éhontée que les acteurs des médias ont été associés à la définition des critères d’attribution de l’aide à la presse», dégagent les patrons de presse. Qui disent surpris également et étonnés de l’information ou de la rumeur selon laquelle le CORED aurait réconcilié le CDEPS et le ministère de la Culture et de la Communication. D’après eux, cette rencontre du jeudi 7 mai a au contraire montré les divergences de fond sur l’aide à la presse entre le ministère et le patronat. Contrairement à une soi-disant compromission, le CDEPS continue toujours de dénoncer «les critères iniques» de répartition de l’aide à la presse et de réclamer la publication d’un arrêté du ministre sur les bénéficiaires et les montants alloués. Pour eux, la rencontre, de jeudi dernier, a au contraire encore plus démontré l’incurie du ministère de la Culture et de la Communication qui ne connaît ni l’histoire de l’aide à la presse, ni le cadre légal de celle-ci.
«L’aide à la presse, matérialisée par la loi 96-04, est un acquis de haute lutte pour la presse privée sous la houlette des «quatre mousquetaires» (Babacar TOURE, Abdoulaye Bamba DIALLO, Mamadou Oumar NDIAYE et feu Sidy Lamine NIASSE), alors porte-drapeau d’une presse privée émergente dans les années 90. Cette aide, destinée aux seules entreprises de presse privée, a été détournée par le ministère qui l’a dilapidée en la distribuant à tout organe de presse», indiquent-ils.
Ils soutiennent que le ministère de la Culture et de la Communication ne saurait créer la zizanie avec les médias de service public, tous membres du patronat de la presse, dont ils défendent les intérêts en demandant qu’il leur soit octroyé des moyens financiers et matériels plus conséquents. Ce, pour qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle dans la politique de communication de l’Etat.
Mamadou Ibra KANE et ses camarades affirment qu’en aucun cas, les fonds alloués à la presse privée ne sauraient être détournés par le ministère de la Culture et de la Communication, qui révèle ainsi son incapacité à définir et mener une politique de communication. A les en croire, si le ministère de la Culture et de la Communication s’est fondé sur des critères très subjectifs pour dilapider l’aide à la presse, «c’est que c’est une tutelle qui méconnaît totalement le secteur qu’il est censé maîtriser et réguler».
«Le ministère de la Culture et de la Communication a une ignorance totale du secteur d’activités qu’il est censé manager par la méconnaissance des informations les plus élémentaires. Eu égard à toutes ces considérations, le CDEPS, en toute responsabilité, dénonce les critères inavouables du ministre de la Culture et de la Communication, qui a détourné l’aide à la presse destinée aux entreprises de presse privée. A ce titre, le patronat continuera de réclamer la publication de l’arrêté de répartition de l’aide à la presse, qui démontrera toute l’illégalité des agissements du ministère de la Culture et de la Communication», lancent-ils.
Samba BARRY