CONTRIBUTION
Dans son édition du 2 mai 2020, un quotidien de la place a proposé à ses lecteurs et à ses lectrices une intéressante réflexion sur les hommes et les femmes de la société civile que le président de la République nomme comme membres à certains organes de contrôle du pays. Quand on finit de lire avec attention cette réflexion, on a le sentiment que le très modeste Mody Niang a bénéficié de cette confiance du président de la République. Ainsi, à la page 6, le quotidien passe en revue certaines nominations, notamment celles de Birahim Seck, du Pr Babacar Guèye, de Jacques Habib Sy, etc. Puis, il ajoute : «L’écrivain Mody Niang a eu à siéger à l’Ofnac». A la page 7, le quotidien cite longuement M. Moustapha Diakhaté, ancien ministre chef de cabinet du président de la République. J’en retiens ceci : «(…) En même temps qu’il promeut des gens qui sont connus pour leur engagement par rapport à la bonne gouvernance, en ce qui concerne la suite à donner à ces résultats-là, il n’y a rien. Mais, en politique, la ruse finit toujours par se découvrir. Macky Sall peut neutraliser des personnes, mais il ne peut pas confiner la cause, c’est-à-dire la Bonne Gouvernance». Et le quotidien de commenter en ces termes : «Surtout, au cas où ç’aurait été l’intention du chef de l’État, les tentatives de +neutralisation+ n’auront pas jusque-là les résultats escomptés : Alioune Tine et Mody Niang restent de redoutables critiques de la gestion du régime de Macky Sall».
Je serais donc des «privilégiés» qui ont bénéficié de la confiance du président de la République, puisque «j’ai eu à siéger à l’Ofnac». «Siéger», selon le Petit Larousse illustré 2012, c’est « faire partie d’une assemblée, d’un tribunal». Et pour exemple, le dictionnaire propose : «Siéger au conseil régional ». Je n’ai jamais siégé à l’Ofnac, à son assemblée générale, composée de douze (12) membres, nommés par le président de la République. Or, c’est un secret de polichinelle, le Président Macky Sall ne nommera jamais un Mody Niang à quelque poste que ce soit, et c’est tant mieux. Tant mieux car, même si par extraordinaire il en aurait l’intention, poussé par je ne sais quelle force irrésistible, je déclinerais l’offre. YALLA xam na ko. En ce mois béni de Ramadan, je jure sur le Saint Coran, que je déclinerais catégoriquement l’offre[1].
Naturellement, c’est fort confortable d’être nommé, par exemple, membre de l’Ofnac pour un premier mandat de trois (ans), susceptible d’être renouvelable une fois, avec une indemnité mensuelle de trois (3) millions de francs Cfa. Quand c’est le cas, on doit être pourtant moins à l’aise. En tout cas moi, je serais moins à l’aise pour être précis. Je ne le serais point d’ailleurs en sachant que, de sa création à nos jours, l’Ofnac a remis vingt-cinq (25)) dossiers entre les mains du Procureur de la République. Au moment où je rédige ce texte, les vingt-cinq (25) dossiers dorment sur sa table, en tout cas jusqu’à preuve du contraire. Dans ces conditions, ma conscience ne serait pas tranquille à toucher mensuellement trois millions de francs Cfa pendant trois ou six ans, pour rien. Pour vraiment rien. Devant notre SEIGNEUR, serais-je capable de justifier ces dizaines de millions qui auraient dû servir à d’autres priorités. Des priorités qui nous interpellent de partout.
Donc, pour ces raisons, je refuserais catégoriquement toute offre du Président Macky Sall. Avec la très mauvaise gouvernance qu’il met en œuvre depuis huit (8) ans, je refuserais quelques autres offres que ce soit de sa part. YALLA xam na ko, te YALLA kenn mu nu koo nax[2]. Ce qui se déroule sous nos yeux ces temps derniers, me confortent dans mon choix.
En résumé, le Président Macky sall ne m’a jamais nommé à quelque poste que ce soit. Je ne lui dois rien, absolument rien et j’en remercie infiniment notre SEIGNEUR. Je profite aussi de l’occasion qui m’est donnée ici pour remercier de façon insigne une grande dame : Mme Nafy Ngom Keïta, inspectrice générale d‘État, ancienne Vérificatrice générale de l’Inspection générale d’État, ancienne Présidente de l’Ofnac. C’est elle qui m’a fait l’honneur de m’appeler à ses côtés et m’a nommé conseiller spécial chargé des problèmes de l’éducation, puis porte-parole de l’institution, alors que nous ne nous connaissions même pas. Nous nous sommes vus, pour la première fois, lors de la première audience qu’elle m’a accordée, audience au cours de laquelle elle m’a fait part de son intention de me nommer à ses côtés. Elle me rend partout hommage mais moi, ce que je retiens, c’est que c’est une grande dame auprès de qui j’ai beaucoup appris. Malheureusement, pour des raisons que j’ai déjà largement expliquées dans la presse, j’ai été obligé de démissionner de l’Ofnac le 11 mars 2016, le cœur gros. Avec un autre président que celui qui règne en maître sur le pays depuis huit (8) ans, je serais sûrement resté à ses côtés plus longtemps.
Je terminerai en réaffirmant avec force, que je ne dois rien au président-politicien et ne lui devrai jamais rien. C’est lui, au contraire, qui me doit, qui nous doit, qui nous devait de gouverner notre pays, conformément à ses engagements solennels d’avant le 25 mars 2012. Engagements qu’il a malheureusement tous reniés, ou presque.
Mody NIANG
[1] Je précise que j’explique ma position, celles d’autres compatriotes ne retenant pas mon attention. Nous vivons dans un pays où chacun, chacune est libre de ses choix.
[2] Je prends DIEU à Témoin, LUI que personne ne peut tromper.