Cinq cents millions de francs Cfa en deux mois. C’est la baisse drastique des recettes douanières créée par le Covid19 au point de Rosso Sénégal. Dans ce bureau des douanes qui réalisait plus de six milliards par an, les importations ont chuté en volume de 70 %, en si peu de temps.
(Correspondance) – Le bureau des douanes de Rosso Sénégal est connu pour être le principal pourvoyeur en recettes au niveau de la zone Nord. En effet, dans cette partie nord du pays, ce bureau réalise chaque année, plus de six milliards de francs Cfa en recettes douanières. Une performance que les autorités administratives et douanières ont apprécié à sa juste valeur avant de féliciter les soldats de l’économie qui abattent un travail remarquable dans cet axe nord du pays. En effet, les autorités étatiques, convaincues des résultats extrêmement importants que réalise ce bureau, ont magnifié le rôle important qu’il occupe dans la consolidation et l’amélioration dans la bonne tenue des recettes douanières.
Ces efforts consentis par les gabelous au niveau de la région nord ont surtout permis aux autorités de saluer la contribution remarquable des agents de douane situés dans cet axe Nord. Ce point stratégique de la ville de Rosso Sénégal est dû au fait qu’elle constitue surtout un carrefour commercial mais aussi une plateforme de transit des marchandises en provenance de la Mauritanie et de l’Europe. Mais, aujourd’hui, on assiste à un effondrement des recettes depuis le 21 Mars, date de l’entrée du Covid-19 au Sénégal. En effet, au niveau de ce bureau des douanes, situé le long de la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, les importations du volume ont baissé de manière drastique à hauteur de 70 %, renseigne le chef de bureau. Ce qui a entraîné des pertes en recettes estimées à plus de 500 millions de francs, comparé à l’année dernière. Ceci, en l’espace seulement de deux mois, précise le lieutenant-colonel chef de bureau des douanes de Rosso Sénégal. Une situation liée, selon lui, au fait que 90 % des recettes émanaient des importations des fruits et légumes en provenance du Maroc. Et à partir du moment où le Royaume chérifien est aujourd’hui impacté par le coronavirus, ceci a entraîné la baisse drastique de son trafic vers le Sénégal, précise Pape Gorgui Ndir Dème.
En plus de cela, même si ces importateurs des fruits et légumes continuent de venir, le chef de bureau renseigne que ces derniers ont du mal à écouler leurs produits. La demande a totalement baissé. Conséquences : avec la fermeture des marchés où le commerce ne fonctionne presque plus à temps plein, et que malheureusement les produits importés sont très périssables, le manque à gagner est important pour ces importateurs. Du coup, ces derniers, pour ne pas prendre trop de risques, préfèrent importer de moins en moins, explique le lieutenant-colonel.
Au-delà des recettes douanières, l’autre aspect à retenir, selon notre interlocuteur, est que le débarcadère de Rosso Sénégal polarise une bonne partie des activités économiques du département de Dagana, voire de toute la région de Saint-Louis. Ce qui fait que la baisse des importations aujourd’hui, combinée à la fermeture des frontières aux voyageurs, a eu un effet d’entraînement négatif sur plusieurs secteurs d’activités au niveau de la région, surtout au niveau des secteurs d’activités connexes aux dédouanements. Ainsi, avec le Covid-19, ce sont les sociétés de transit, les assureurs, transporteurs et autres manutentionnaires qui se trouvent être impactés fortement par cette paralysie. Toutes ces professions, qui sont aujourd’hui complètement au ralenti, ont fait que les activités commerciales le long de la frontière en ont pris un sacré coup, a expliqué le chef de bureau des douanes de Rosso Sénégal.
Abou KANE