(Correspondance) – Une grande première dans l’histoire de l’agriculture sénégalaise. En effet, dans le département de Podor, c’est toute une production de la variété oignon qui est en train de pourrir. La révélation est de Boubacar Sall, président du collège national des producteurs d’oignons, par ailleurs membre du Conseil d’administration de la filière riz. Selon lui, après avoir emblavé plus de quatre mille cinq cents hectares, les producteurs d’oignons sont gravement confrontés à une mévente de leurs récoltes. Conséquences : Ce sont huit milliards que ces producteurs ont déjà perdus faute de ne pouvoir écouler les quatre-vingt-dix mille tonnes récoltées cette année. Selon toujours ces professionnels de la culture oignons et riz, faute d’acheteurs, ils sont obligés de brader la récolte à moins de 100 frs le kilogramme. Comble de désespoir, ces producteurs d’expliquer, qu’ils ne peuvent vendre le sac de quarante kilogrammes à plus de quatre mille frs Cfa. Là où l’oignon importé est aujourd’hui vendu sur le marché à 8 000 frs voire 9 500 frs. Une situation très pénible pour ces producteurs qui prédisent déjà des moments de crise alimentaire sans précédent qui se profilent déjà à l’horizon. D’où l’appel de Boubacar Sall et ses collègues qui tirent sur la sonnette d’alarme. Pour eux, la situation est liée au Covid-19. «Notre grand problème est que nous n’avons aucun interlocuteur face à cette situation. Nous ne voyons ni les agents de la Saed, encore moins ceux de l’Arm encore moins notre ministre de tutelle», s’indignent-ils. «Et le plus grave dans ce que nous vivons actuellement est que malgré notre appel à l’endroit du ministre du Développement communautaire, Mansour Faye, ce dernier est resté sourd. Nous lui avions proposé que l’Etat rachète l’oignon en souffrance et qui pourrait servir dans les denrées distribuées aux populations vulnérables. Malheureusement à ce jour nous n’avons reçu aucune réaction des autorités de ce ministère. Et c’est comme s’il ne prenait pas nos propos au sérieux», s’offusquent-ils. Un malheur ne venant jamais seul cette situation de mévente de l’oignon a eu un impact très négatif sur la culture du riz dans cette vallée. Puisque pour ces producteurs, il fallait écouler d’abord l’oignon pour aller en campagne pour la culture de riz. Ces producteurs se disent confrontés aujourd’hui à des dettes qu’ils doivent payer aux banques et autres mutuelles de crédits.
Abdou KANE