Le gouvernement de l’Etat de Kano, dans le nord du Nigeria, a annoncé lundi avoir ouvert une enquête pour déterminer la cause de “morts mystérieuses” survenues ces derniers jours, assurant toutefois que ces décès n’étaient pas dus au coronavirus, malgré un manque inquiétant de capacité de dépistage.
“Au cours de la semaine dernière, des rapports ont fait état de décès mystérieux dans notre État de Kano et je tiens à vous assurer que les enquêtes sont déjà en cours”, a écrit le gouverneur de l’État, Abdullahi Umar Ganduje, sur Twitter.
“Jusqu’à présent, rien ne peut certifier qu’ils soient liées à Covid-19”, a-t-il ajouté.
Dimanche, le ministre local de l’Information, Mohammed Garba, avait déclaré que les rapports préliminaires suggéraient que la plupart des décès étaient dus à “des complications résultant de l’hypertension, du diabète, de la méningite et du paludisme aigu”.
Kano, la grande ville du nord du Nigeria, vit sous confinement total depuis plus d’une semaine. Les hôpitaux privés et publics ont renvoyé la majorité de leurs patients, et les pharmacies ont fermé, rendant l’accès aux médicaments et aux traitements de toute maladie très difficile.
“Des centaines de patients ont été renvoyés chez eux, à l’exception d’une poignée de cas très critiques”, a rapporté Usman Lawan, une infirmière du plus grand hôpital public de la ville.
“Je ne pense pas que le public dispose d’informations suffisantes sur le confinement et sur la façon de se comporter durant cette période parce que nous avons vu des vidéos de rassemblements, des activités sociales comme jouer au football ainsi que d’autres pratiques culturelles“, confirme Dr Mansur Ramalan, médecin consultant à l’hôpital Aminu Kano, à VOA Afrique.
Vendredi, la branche du syndicat nigérian des médecins résidents a tiré la sonnette d’alarme concernant l’augmentation du nombre de cas de coronavirus dans la partie nord du pays.
Pour le président de la branche de l’organisation à Kano, Dr Sanusi Muhammad Bala, il y a quelques dysfonctionnements qui seraient à la base de l’augmentation des cas du Covid-19 à Kano.
“Le problème est que si vous faites un appel en tant que médecin ou quelqu’un d’autre dans la communauté, l’équipe d’intervention n’arrive pas pendant plus de 24 ou 48 heures. Vous pourrez avoir ces cas retournés dans leurs communautés avec le risque de contaminer les autres”, souligne-t-il.
Le laboratoire en première ligne de la lutte contre l’épidémie mortelle de Covid-19 dans l’État de Kano a fermé ses portes la semaine dernière suite à la contamination d’un certain nombre de ses travailleurs. Un employé d’un cimetière de la ville a recensé “une forte augmentation des décès” ces derniers jours.
“On enterre parfois des dizaines de corps par jour”, explique l’homme, qui se souvient d’avoir assisté à pareil scénario “il y a 24 ans”, en 1996, lorsque qu’une épidémie de choléra et de méningite avait emporté près de 12.000 personnes à Kano.
Le personnel soignant et le gouverneur de l’Etat lui-même ont également mis en garde contre un retard dans les tests de coronavirus dans cet Etat, qui est l’un des plus peuplés du Nigeria, avec environ 13,5 millions d’habitants.
Kano compte pour l’instant 77 infections recensées et un seul décès imputé officiellement au coronavirus, mais le seul laboratoire spécialisé Covid-19 situé à l’hôpital universitaire Aminu Kano (AKTH) est fermé depuis la semaine dernière après que certains de ses employés ont été testés positifs.
Les échantillons doivent donc être envoyés à des centaines de kilomètres, jusqu’à la capitale fédérale d’Abuja.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec près de 200 millions d’habitants, recensait mardi 1.337 cas officiellement déclarés d’infection au coronavirus, et 40 décès.
VOA Afrique