Malgré la directive présidentielle portant interdiction de licenciement en cette période, sauf pour «fautes lourdes», 49 travailleurs de l’hôtel ont été remerciés. La direction invoque des «motifs économiques».
Les travailleurs de l’hôtel Faidherbe de Dakar broient du noir. Constitué de 49 éléments, le personnel a tout bonnement été remercié par le repreneur de l’hôtel, un asiatique dénommé Yang Dong. Alors que nombre d’entre eux sont des pères et des soutiens de famille. Certains ont fait 16 voire 17 ans de bons et loyaux services dans la boîte avant de se voir signifier un licenciement en un moment inattendu. Ce sort inespéré a conduit ces victimes dans une situation de précarité qu’ils ne soupçonnaient jusqu’alors. Pour l’heure, un recours en bonne et due forme est déposé auprès du ministère du Travail et de l’Emploi. Ils en ont fait l’annonce, eux-mêmes, avant-hier. C’est avec fracas qu’ils ont effectué le déplacement dans les locaux du Groupe WalFadjri pour pleurnicher sur leur sort peu enviable en cette période où les chefs d’entreprise semblent trouver un bon prétexte pour se débarrasser de leur employés encombrant. Il en est ainsi malgré la décision de l’Etat d’interdire les licenciements autres que ceux liés aux motifs fautes lourdes par ces temps qui courent où le Covid-19 dicte des mesures exceptionnelles ayant conduit à l’état d’urgence assorti du couvre-feu.
Outre la saisine du ministre en charge du Travail, le collectif des travailleurs licenciés de l’hôtel Faidherbe de dénoncer cette situation et de lancer un appel auprès des autorités. Délégué du personnel, Issa Badji expose la situation que traversent ses camarades. «La situation que nous vivons est grave. On avait des contrats à durée indéterminée (Cdi). Cela fait un an qu’un repreneur de nationalité chinoise a repris l’hôtel. On a travaillé avec lui durant un an. Il a arrêté pour dit-il effectuer des travaux de construction et de rénovation. Avec ces travaux, il a décidé de licencier les 49 travailleurs de l’hôtel», a-t-il expliqué. Ce qui est grave dans ce licenciement, c’est que le repreneur a argué le motif de travaux d’aménagement et «motifs économiques».
Pour le motif construction et travaux, la loi dit d’amener le personnel en chômage technique. Par rapport au motif économique, il faut un dépôt de bilan. Or, dans le cas d’espèce, il n’en est rien de tous ces préalables imposés par les lois et règlements en vigueur. Le préavis étant arrivé à expiration le 20 mars dernier, ces travailleurs licenciés malgré la pandémie du Coronavirus ont travaillé jusqu’au 22 mars parce que l’hôtel était pleine à craquer. «On n’a pas de difficultés de paiement avec les charges sociales qui sont payées», souligne M. Badji pour qui l’hôtel n’a pas de difficultés économiques. «Ils n’ont pas respecté la procédure normale en procédant au licenciement du personnel», ajoute le porte-parole des travailleurs en question.
Pour l’heure, l’Inspection du Travail s’est saisie du dossier. Les requérants refusent le motif économique avancé par le repreneur. «Si on laisse passer, tout repreneur qui viendra au Sénégal va suivre le même processus. C’est là où le danger se trouve. Situation qui va impacter sur les travailleurs de l’hôtellerie», préviennent-ils.
Du côté de la direction générale de l’hôtel Faidherbe, le maître des lieux, un Chinois se réfugie derrière la barrière linguistique, pour s’exonérer de sa version des faits.
Magib GAYE