CONTRIBUTION
Dans l’émission «Balance» de WalfTv diffusé le mardi 7 avril 2020, une des animatrices du nom de Ngoné a dépeint le groupe enfoiré de jeunes festoyant dans un appartement du quartier des Almadies comme n’étant pas des «fils de baadolo» parce que prétendument «riches» de par leurs pères.
Ignorant ce qui qualifie un Baadolo en bon wolof, cette dame estime que la bande qui, en pleine épidémie de Coronavirus, se baladait, flânait et se la coulait douce au quartier des Almadies au point de causer la mort (par overdose ?) d’un de ses membres, n’était pas constituée de fils et filles de «baadolo». Quelle erreur ! Quelle ignorance !! Quelle méprise !!
Madame ignore que le titre de «baadolo» est loin d’être lié au pouvoir d’achat d’un individu. Dans une société civilisée assise sur des valeurs d’éthique et de moralité élevées, de correction et de foi absolues, le pouvoir d’achat de ses membres ne détermine pas le mérite, la respectabilité et l’honorabilité. Quand certaines personnes collent à cette bande d’inconscients le sobriquet flatteur mais galvaudé de «fils à papa», on est droit de poser la question de savoir quel genre de «papa ?».
Ce n’est qu’un papa baadolo qui se singularise par une notoire incapacité à offrir à sa progéniture une éducation, une culture de noblesse, de simplicité, d’élégance autant que des réflexes et tics d’individus courtois, portés vers l’humilité et la sobriété dans la plus grande opulence autant que de dignité et de respectabilité dans la pire indigence.
On n’est un exemple de «papa» que quand on est à la tête d’une fratrie soucieuse, en toutes circonstances, de donner le bon exemple, qui incarne et symbolise une grande capacité d’immersion dans la doxa d’une société où elle ne choisit pas ses amis et compagnons sur des bases et critères pécuniaires attardés et des réflexes bassement opportunistes.
L’étiquette de «baadolo» fait appel à des valeurs de bas étage, à des manières et habitudes puériles et à des comportements dégradants d’un individu mal élevé, qui rassemble les défauts les plus exécrables d’un roturier sans dignité, sans conscience et notoirement dépourvu d’urbanité, ceci même s’il est assis ou non (peu importe) sur des matelas de dollars, et de diamants.
Que sa richesse ait une origine légale ou mafieuse, qu’elle provienne de fausses billetteries, de fraudes ou de détournements, d’arnaques, de magie, de sorcellerie ou même d’activités totalement propres et licites, un baadolo reste un baadolo dans le sens le plus abject du terme. C’est son comportement qui trahit son identité et son statut et non le volume de son portefeuille.
Ce n’est donc pas parce qu’il compte sa fortune en millions ou en milliards qu’un homme s’extirpe du lot des baadolo. A contrario, l’état de pauvreté d’un Garmi, la situation de paumé durable ou momentané d’un authentique prince et d’un homme de foi sans bourse délier ne saurait faire de lui et de sa progéniture des Baadolo. Ce n’est que quand on est un vrai Prince et qu’on est doté d’intelligence et de personnalité qu’on peut démontrer une capacité à faire le choix de «la pauvreté dans la dignité» et qu’on est mentalement assez fort pour considérer par le mépris la facilité d’une éphémère opulence qui conduit à la perversion et à la débauche.
C’est dire qu’en pleine crise sanitaire épidémique qui angoisse leurs compatriotes et fait trembler toute la planète, ce n’est qu’une bande de Baadolo qui peuvent, au cœur des Almadies ou ailleurs, nous donner cet exemple parfait et typique d’une meute de dévergondés et de pervers sans vergogne. Et la mort sur les lieux de débauche de l’un d’eux ne pouvait qu’en être la preuve, la regrettable illustration et la fatale conséquence.
C’est pourquoi, c’est dans la même poubelle, que je jette cette animatrice de WalfTv qui, de façon innocente et maladroite, ennoblit sans le savoir, peut-être, ce groupe de baadolo authentiques qui souillait les Almadies, et cette déracinée de Tfm qui pense qu’on n’est propre et civilisé que quand on est «né à Dakar».
Quand un inqualifiable personnage s’avise d’insulter ainsi les 90 % de Sénégalais qui ne sont pas «nés à Dakar» (mais qui sont assez «silwissé» pour ne pas sortir de telles insanités), je me demande ce qu’attend le groupe Gfm pour l’éloigner de ses rangs en le virant proprement ; ne serait-ce que pour la leçon à devoir en tirer sinon par respect dû aux téléspectateurs et aux annonceurs, du moins par reconnaissance et gratitude aux dignes parents d’origines rurales du fondateur de ce Groupe de presse qui biberonne l’insolente collaboratrice.
Je pense avec amertume à tous ces vénérés dignitaires religieux de toutes confessions qui ne sont pas «nés à Dakar» ainsi qu’à toutes ces personnalités de tous ordres et de tous rangs que cette bourde impolie vient de placer dans ce lot des roturiers sur lesquels la dame a daigné cracher avec autant de désinvolture et avec une maladresse inouïe.
Malgré tout, je ne reproche que peu à ces dames écervelées qui ne méritent même pas notre dépit. J’impute la faute à ces médiats qui recrutent et mettent sous les lumières des gus dépourvus d’ancrage culturel et d’un minimum de civisme.
Je me désole de constater que, dans leur naïveté et leur idiotie, ces pauvres dames et demoiselles dépigmentées et momifiées pensent que la «magie de la télévision» a les mêmes limites que leur look essentiellement emprunté au maquillage. Elles croient que cette magie s’assimile à la qualité de leurs perruques en mèches artificielles ainsi qu’à la taille et au fardeau de cette pourriture de cheveux indiens qui leur pèsent et qui nous importunent au plus haut point.
Cheikh Tidiane DIOP Ndomor