Habitué depuis à nous tirer les oreilles, le Fmi semble afficher un satisfécit sur le Sénégal. Sa commission technique vient de valider le dossier du pays. Et cerise sur le gâteau, il a débloqué plus de 462 millions de dollars, soit près de 277 milliards de francs Cfa, pour permettre au pays de mieux s’armer dans la guerre contre le Covid-19. Avec un tel pactole, disponible dès mercredi, on ne sera pas loin du compte de 1 000 milliards.
Alors que les pays pauvres sont en grande détresse face à la progression de la pandémie du Covid-19, le Fonds monétaire international (Fmi) s’est montré généreux avec le Sénégal. Les services techniques de cette institution financière internationale viennent de valider l’octroi de 462 millions de dollars, soit près de 277 milliards de francs Cfa, pour, entre autres, aider le pays dans son programme de résilience face à la calamité publique du Covid-19.
Selon des informations de WalfQuotidien, la commission technique, qui a passé en revue le dossier du Sénégal, en a ainsi décidé et il ne restait qu’à le faire acter par le bord du Fonds. Ce qui, d’après nos sources, devrait passer comme lettre à la poste et l’argent disponible dès ce mercredi.
S’il en est ainsi, nous souffle-t-on, c’est que le Fmi est satisfait de la gestion économique du pays, en 2019. En effet, nous dit-on, l’institution de Bretton Wood’s a bien apprécié la gestion budgétaire cet exercice et a rendu un vibrant hommage au pays qui a, comme d’habitude, présenté un excellent dossier. En effet, à la page 3 de son rapport, le Fmi, qui a vu le pays enfin opérer les réformes longtemps réclamées dans le secteur de l’énergie, a bien apprécié cette cuisine budgétaire saine et bien contrôlée. En effet, l’année dernière, malgré le contexte électoral, le pays a fait des efforts dans l’atteinte des objectifs de recettes de la deuxième Loi de finances rectificative (Lfr) 2019 d’un montant de 2 561,6 milliards contre 2 005,6 milliards en 2018, soit une progression de 555,9 milliards. Mais aussi grâce à une exécution satisfaisante des dépenses, couplée à une rationalisation des dépenses de fonctionnement de l’Etat et une masse salariale maîtrisée. Car, arrêtée à 744,06 milliards, représentant 30,5 % des recettes fiscales, il a été en-dessous du seuil de 35 % retenu dans les critères de convergence de l’Uemoa. Même s’il y a une forte probabilité de trébucher.
Ainsi, avec ce pactole de 277 milliards, la tambouille que mitonnent les pouvoirs publics sénégalais pour 1 000 milliards de francs Cfa n’est pas loin d’avoir tout ce qu’il lui faudrait.
Néanmoins, le gouvernement, les ministres de l’Economie et des Finances et du Budget en tête, devraient commencer à se pencher sur la logique d’après Covid-19, en lieu et place des déclarations d’intentions auxquelles on assiste jusqu’ici, pour mettre les entreprises dans les conditions de pouvoir fonctionner lorsque l’épidémie sera cassée et de pouvoir recruter pour revitaliser l’économie afin de permettre au pays de rebondir. Ce, d’autant plus que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest a déjà donné le ton en ce sens qu’elle a baissé ses taux directeurs, laissant ainsi aux établissements bancaires la possibilité de suivre. Ce qui ne sera pas possible tant que l’Etat n’aura pas soldé ce qu’il leur doit. L’autre ennui est qu’il n’y a aucune viabilité sur les mesures annoncées en force par l’Etat, notamment sa gentillesse fiscale qu’elle fait miroiter. Pis, par ordonnance, le chef de l’Etat vient de causer un sérieux problème aux entreprises à travers l’interdiction de licenciement.
D’un autre côté, il bon d’avoir de l’argent mais le plus important reste de savoir comment l’utiliser pour éviter la dépendance du pays à cette aide de trois mois. Sans quoi, cela ressemblerait aux conseils de l’ex-ambassadeur de la France à Dakar sous Wade, Jean-Christophe Rufin, à sa hiérarchie dans un télégramme : «Signer un pareil chèque sans demander au Sénégal de réformer profondément son système politique reviendrait à fournir à un toxicomane la dose qu’il demande, mais qui le conduit un peu plus sûrement vers sa fin».
Seyni DIOP