CONTRIBUTION
Le Sénégal ne lésine pas sur les moyens et ressources dans sa lutte contre le coronavirus. D’ailleurs, la batterie de mesures prise par le président de la République, chef de guerre dans le combat contre la pandémie déclinée dans son adresse de 03 Avril, devrait se traduire dans les prochains jours par une aide massive aux populations. En effet, quelques 69 milliards de francs Cfa en denrées alimentaires seront distribuées aux populations par le ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale, avec l’aide de l’administration territoriale dans différentes localités du pays.
Le défi est énorme pour une opération d’une telle envergure qui demande une identification des cibles, une organisation robuste et une logistique adaptée. Il s’agira de faire acheminer aux populations des millions de tonnes de denrées constituées de riz et d’huile et produits d’hygiène.
Afin d’assurer les conditions d’une fourniture et d’un ravitaillement transparents des tonnages de denrées, l’Etat n’a pas perdu du temps pour lancer un appel d’offre auprès des fournisseurs. La situation d’urgence autorise par ailleurs de mettre en parenthèses certaines règles de la commande publique (décret n°2020-781 du 18 mars 2020) pour raccourcir les délais d’exécution et de mise à disposition de la commande.
On n’a pas besoin de disposer d’un tableau de bord sur les stocks de riz disponibles auprès des grossistes pour savoir que les quantités destinées à cette distribution grandeur nature entameront tous les stocks déjà disponibles sur l’étendue du territoire quels qu’en soient par ailleurs leurs niveaux.
L’activité des grands armateurs et traders de céréales étant affectée par le Covid 19, l’inde gros fournisseur de riz au Sénégal en confinement il est fort à parier que les importations ne peuvent pas se renouveler selon les calendriers et délais normaux.
C’est le lieu donc pour l’Etat de penser aux producteurs et productrices de la vallée du fleuve Sénégal et d’autres foyers de culture du riz comme le bassin l’Anambé au sud. En effet, ces dernières années, le Sénégal a enregistré des progrès notables dans la production de riz paddy notamment au nord et au Sud du pays avec plus d’un million de tonnes de riz paddy en moyenne. La qualité du riz entier ou brisé labellisée par AfricaRice (Sahel 177, 328 et 329) permet de parler d’une filière de riz aromatique local et d’envisager dans un proche avenir une substitution des importations par la production locale.
La commande de 69 milliards de francs Cfa de denrées alimentaires doit être donc une opportunité pour nos vaillants agriculteurs et riziculteurs comme ils doivent l’être pour les importateurs et autres grossistes de riz. D’ailleurs, pour la distribution destinée aux ménages du centre et du nord le riz de la vallée constitue un réel fast-track dans la chaine logistique. En effet, du Niambour au Fouta en passant par Saint-Louis, le riz (thiebou mbay) sorti des dernières rizeries industrielles implantées dans le nord se taille la plus grosse part de marché.
Les Gie de producteurs, composés des femmes et de jeunes qui se sont investis dans les activités agricoles avec l’aide de mécanisme de financement telle que la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (Der) et la banque agricole, méritent un coup de pouce en recevant leurs parts ou quota cette manne qui leur permettra de libérer les stocks d’invendus qui existent bel et bien partout dans la vallée avec la concurrence du riz importé.
Moustapha DIAKHATE
Ex Conseiller Spécial Primature