Étonnant. Une simulation numérique montre que les mesures de distanciation sociale sont insuffisantes pour être vraiment efficaces. Réalisée par Ansys, cette étude interroge et devrait nous inciter à nous espacer les uns des autres davantage que le mètre préconisé. Thierry Marchal, directeur Santé chez Ansys, répond à nos questions.
Parmi les mesures simples que tout un chacun peut prendre pour se protéger de l’épidémie de Covid-19 et ralentir sa progression, les gestes barrières et les mesures de distanciation sociale sont ceux les plus couramment recommandés et utilisés.
Alors qu’il est recommandé d’observer une distance d’un mètre entre les individus, une simulation numérique montre que ces mesures de distanciation sociale sont insuffisantes pour être vraiment efficaces ! Réalisée par Ansys, spécialiste mondial de la simulation numérique, cette simulation interroge. À la suite de cette étude, il serait intéressant d’entendre l’avis des autorités politiques et sanitaires qui ont décidé ce geste barrière.
Cette simulation montre que les distances recommandées d’un mètre ne sont pas assez significatives pour être efficaces. © Ansys, YouTube
Les distances recommandées par les autorités sanitaires et politiques sont-elles assez significatives pour être réellement efficaces ? Si l’on se fie à cette étude, la réponse est clairement non. La distance d’un mètre recommandée n’est à l’évidence pas suffisante.
Des recommandations de distanciation sociale insuffisantes
Pour arriver à cette conclusion, Ansys a simulé la propagation des gouttelettes responsables de la transmission du virus lors d’une interaction entre plusieurs individus et durant la pratique d’un sport. La modélisation démontre que les gouttelettes peuvent être expulsées jusqu’à 28 mètres lors d’une toux ou d’un éternuement. L’éloignement entre deux personnes statiques devrait donc être d’au moins de deux mètres, soit le double de la distance actuellement recommandée.
Quant aux personnes pratiquant un sport et qui respirent par définition plus fort durant l’effort, des distances plus grandes entre chaque individu sont à respecter. Un coureur devrait respecter une distance de trois mètres minimum et les cyclistes de 10 mètres.
Thierry Marchal, directeur Santé chez Ansys, répond à nos questions :
Pourquoi avoir réalisé cette étude ?
Thierry Marchal : La simulation numérique est une formidable technologie qui permet de prédire et visualiser des choses parfois difficiles à mesurer afin de mieux comprendre les phénomènes et les améliorer. C’est donc une technologie idéale pour éduquer par l’image et la compréhension. Dès le début de la pandémie, Ansys a souhaité exploiter cette technologie pour le bien de la population. Ces recherches ont pour but d’informer le grand public sur les comportements qui peuvent protéger du risque de contamination par le Covid-19 et d’aider les professionnels de santé à diminuer ces risques dans les hôpitaux et autres établissements de santé. De plus, les résultats de ces simulations permettent d’apporter des enseignements utiles quant à l’efficacité des mesures barrières préconisées voire d’ajuster des recommandations.
Comment simule-t-on la propagation de gouttelettes ?
Thierry Marchal : Les gouttelettes sont des sphères de liquide qui se propagent dans l’air. Ces comportements sont très largement étudiés dans les moteurs de voiture, les sprays chimiques, pharmaceutiques, etc. D’après des études scientifiques sur le sujet, nous savons quelles sont les tailles des gouttelettes sortant de la bouche ainsi que leur vitesse d’expulsion si une personne respire, tousse ou éternue. Nous exploitons donc des technologies existantes et largement validées et nous les adaptons à la santé. Il est donc possible de simuler la propagation de gouttelettes grâce à des logiciels de modélisation de la dynamique des fluides et ce, en agissant sur plusieurs paramètres : présence de vent ou non, taille et position relative des personnes qui se trouvent autour du sujet étudié.
Avez-vous calculé le risque d’être infecté par le Covid-19 selon que l’on est à une distance de 1, 1,5 mètre ou 2 mètres d’une autre personne ?
Thierry Marchal : Les recherches menées par Ansys montrent qu’une distance d’un mètre est insuffisante pour se protéger de la contamination par le Covid-19. En effet, à cette distance, les gouttelettes expulsées lors d’un éternuement ou d’une quinte de toux peuvent parcourir jusqu’à 28 m/s dans certaines conditions et n’ont pas le temps de retomber au sol sous l’effet de la gravité. Après 1,5 mètre ou 2 mètres, la majorité des gouttelettes, en matière de volume rejoignent le sol. Le risque de contamination est moindre, mais le risque nul n’existe pas toutefois.
Futura-sciences