Une des zones épicentre de l’épidémie à Covid-19, Touba et ses environs se retrouvent dans cette situation économique délétère causée par la propagation rapide du Covid-19. Ici, les familles des «modou-modou» n’ont que leurs yeux pour pleurer sur leur sort. «C’est très dur qu’on le dise ou non. Actuellement, nous vivons des moments les plus sombres de notre vie. Tout est à l’arrêt. Nous demandons de l’aide du gouvernement. Je ne parviens plus à joindre mon époux. Il vit en Marseille. Les frais de la scolarité de mes enfants risquent de ne pas être payés à la fin de ce mois. Un de mes fils vit le confinement au Maroc», se désole-t-elle. Selon cette dernière, elles sont nombreuses, ces épouses de «modou-modou» qui vivent cette situation à Touba. Et qu’elles ne peuvent aller nulle part. «C’est très difficile. La maladie nous a causé d’énormes difficultés. Beaucoup d’entre nous veulent rentrer au bercail, mais sont coincés. Ils ont dépensé tout leur argent. Du coup, ils ne peuvent plus envoyer de l’argent», appuie Sada Guèye, un émigré vivant en Espagne. Ses congés sont arrivés à terme depuis le début du mois de mars, mais il peine à retourner pour reprendre service.
Cheikh Tidiane Ndiaye, demeurant à Mbacké est au Sénégal bientôt près de trois mois. Ses congés l’avaient conduit au bercail, pour achever certains travaux de construction et rendre visite à sa famille. Ce dernier qui vit à Marseille confie que comme dans toutes les autres villes, le Covid-19 a touché les familles des émigrés sénégalais venus de Touba et environs. «Toutes nos activités sont en berne. Rien ne marche. Je devais recevoir de l’argent d’un ami, il éprouve des difficultés pour me l’envoyer à cause de la maladie. Hier, des amis basés à New-York m’ont appelé. Certains sont obligés de quitter leurs localités pour se réfugier ailleurs pour manque de moyens. Parmi eux, quelqu’un est parti à Washington. Un autre ami basé en Espagne m’a dit qu’il est resté 20 jours sans travailler. Actuellement, ce sont les dahira qui décaissent de l’argent pour nourrir les émigrés», laisse-t-il entendre. «Certains ont décidé de forcer les frontières pour rentrer au Sénégal parce qu’ils ne tiennent plus. Une fois au Sénégal, ils risquent de hausser les taux de contamination. Ce sont eux qui gèrent les familles. Ils sont fatigués», ajoute-t-il.
Pour appuyer son argument, Cheikh Ndiaye déclare que la majeure partie d’entre eux sont des marchands ambulants comme lui. Ils sont obligés de sortir pour pouvoir subvenir à leurs besoins. Alors que tous les pays touchés ont adopté des mesures de confinement. «A Touba, beaucoup de familles n’ont pas jusqu’à présent payer leurs factures d’eau et d’électricité. Elles ne comptent pas le faire à la fin de ce mois. Elles attendent tout de leurs fils de l’extérieur. Nous lançons un appel à l’Etat», dit-il.
WalfQuotidien