L’Espagne a enregistré mercredi un record de 864 morts du coronavirus en 24 heures, dépassant les 9.000 victimes, mais les autorités estiment que la progression de la pandémie ralentit dans le deuxième pays le plus endeuillé après l’Italie.
La question “n’est plus de savoir si nous arrivons ou non au pic (de contagion), il semble que nous y soyons déjà, que nous sommes déjà en train de descendre“, a estimé mercredi avec prudence le directeur du Centre d’urgences sanitaires, le Dr Fernando Simon.
L’Espagne a aussi dépassé mercredi la barre des 100.000 cas confirmés (102.136) mais le rythme d’augmentation des morts, des hospitalisations et des cas continue de ralentir, ont souligné les autorités.
La hausse du nombre de morts en 24 heures a été ramenée à +10,6% contre +27% il y a une semaine. Celle du nombre de cas confirmés est descendue à +8,2% mercredi contre +20% il y a une semaine.
“Les chiffres des personnes en soins intensifs et de celles décédées reflètent ce qu’il s’est passé il y a deux ou trois semaines“, a expliqué la Dr Maria Jose Sierra, du Centre d’urgences sanitaires.
Désormais, la priorité “c’est de permettre que notre système de santé national soit capable de garantir les soins adéquats pour tous nos patients“, a rappelé Fernando Simon, alors de nombreux hôpitaux sont débordés.
Un signal positif toutefois, l’augmentation quotidienne du nombre d’hospitalisés en soins intensifs est descendue à +4,7% mercredi, contre +20% il y a une semaine.
“Moins de patients”
“Par chance nous avons eu moins de patients ces jours-ci dans notre clinique privée du centre de Madrid“, a témoigné à l’AFP Maria Liñero, jeune médecin de 28 ans: “La semaine dernière, nous admettions entre 30 et 40 personnes par jour. Nous en sommes à 20 par jour“.
“Moins de patients arrivent aux urgences, nous n’avons pas autant de saturation qu’avant“, assure aussi Guillén del Barrio, infirmier à l’hôpital La Paz à Madrid.
Mais “dans les services il a encore des problèmes parce qu’il n’y a pas suffisamment d’équipements de protection et les unités de soins intensifs ont augmenté le nombre de lits mais ça reste insuffisant“, déplore ce représentant syndical.
Note encourageante, les patients guéris sont toujours plus nombreux, atteignant 22.647, soit près de 20% des cas confirmés.
Madrid reste la région la plus touchée avec 42,7% des cas et 29,2% des morts, bien que la maladie progresse aussi en Catalogne (nord-est) qui recense désormais plus de patients en soins intensifs que la capitale.
Des soignants à soigner
La lutte contre la maladie pèse sur de nombreux soignants dont 12.300 ont déjà été contaminés, et donc arrêtés. “L’Espagne a un taux scandaleusement élevé de professionnels de santé infectés“, s’indigne Guillén del Barrio.
La pression psychologique sur les soignants demeure aussi plus forte que jamais. Certains médecins sont par exemple obligés de prioriser les patients selon leur espérance de vie.
Des “décisions draconiennes que nous emportons chez nous après des journées difficiles“, confie Maria Fernanda Visconti, médecin du travail à l’hôpital de la Princesa à Madrid.
Cette Vénézuélienne de 37 ans a reçu des soignants en détresse face à une situation “chaotique” où “l’impuissance et la frustration est grande“.
Mesures drastiques
Afin de freiner au maximum la propagation du virus, les quelque 47 millions d’Espagnols sont soumis depuis mi-mars à l’un des confinements les plus stricts d’Europe. Ils ne peuvent sortir de chez eux que pour acheter à manger, se faire soigner, sortir rapidement leur chien.
Cette quasi-quarantaine a été renforcée lundi: seules sont autorisées les activités essentielles à l’approvisionnement du pays. Ceux qui, comme les ouvriers du bâtiment ou des usines, ne pouvaient pas travailler de chez eux, sont désormais à l’arrêt jusqu’à Pâques, le 12 avril.
De son côté, la région de Madrid a dû improviser deux morgues, dont l’une dans une patinoire, ainsi qu’un immense hôpital dans la foire commerciale de l’IFEMA.
Mais l’Espagne peut aussi compter sur l’aide internationale. Après un envoi de la République tchèque, l’Espagne a reçu mercredi du matériel envoyé par la Turquie, en réponse à une demande d’aide à l’Otan.
Le chef d’état-major Miguel Villarroya a ajouté mercredi que la Lettonie, le Luxembourg et le Japon avait eux aussi promis d’envoyer des équipements.
AFP