En interdisant la vente du pain dans les boutiques pour éviter la propagation du nouveau coronavirus Covid-19, le ministère du Commerce et des Pme semble créer l’effet contraire. En effet, au moment où les autorités invitent les populations à éviter les rassemblements, ces dernières s’agglutinent devant les boulangeries s’exposant ainsi au virus.
L’Avenue Bourguiba. A côté du stade Demba Diop, une grosse foule des personnes de tout âge attire l’attention des piétons et autres automobilistes devant la boulangerie Brioche Dorée qui fait face à la station d’essence. De longues files se dégagent des deux portes d’entrée. A l’intérieur, le personnel s’affaire derrière un long compteur en vitres transparentes. Vêtus de Tee-shirts rouge à l’effigie du logo de la boulangerie, les vendeurs se précipitent à servir la clientèle. Pour mettre les pieds à l’intérieur ou en sortir, il faut se faufiler et même jouer avec ses coudes. Plus pressés et voulant vaille que vaille être servis parmi les premiers, d’autres boudent les rangs et s’entassent devant les portes rendant inaccessibles les lieux. Les mesures prises par le ministère du Commerce et des Pme pour interdire la vente du pain dans les boutiques sont passées par là. Les consommateurs qui peinent à trouver du pain dans les boutiques du coin se sont tous rués vers les boulangeries et autres pâtisseries. «C’est très difficile d’avoir, aujourd’hui, du pain. Au réveil, je suis passé à la boutique de mon quartier mais il n’y aucune baguette qui traine. Le boutiquier m’a dit que les livreurs ne sont pas venus parce que les autorités ont interdit la vente du pain dans les boutiques des quartiers. Donc, j’étais obligé de venir à la boulangerie pour acheter du pain pour le petit déjeuner avec ma famille», confie Ibrahima Ndiaye, accrochant au-dessous de son bras gauche deux baguettes de pains enrôlées dans un papier.
Pour lui, le fait que les autorités en charge du Commerce aient prises ces dispositions surtout en cette période de propagation de la maladie du coronavirus dans le pays est une bonne chose. Mais il pense par ailleurs que ce serait mieux de choisir des lieux propres dans chaque quartier où les consommateurs pouvaient passer acheter facilement leurs baguettes sans pour autant aller se regrouper tous devant les boulangeries s’exposant ainsi à la pathologie. «C’est une décision que j’apprécie beaucoup, surtout pour éviter de contracter ce virus. Mais je crains que cela crée l’effet contraire. Parce que vous voyez tous les clients se sont rués vers les boulangeries. Il y a tellement de monde. Et pourtant on interdit actuellement les mobilisations», signale-t-il.
Sur les deux allées du quartier Niarry Tally, c’est aussi le même constat. De loin au niveau du rond-point Jet d’Eau, on aperçoit une masse d’individus qui a pris d’assaut la boulangerie qui fait face au jardin public. Ce client du nom de Omar Sy, trouvé debout à quelques mètres de la boulangerie, soutient qu’il faut de la patience pour avoir du pain. «Nous sommes nombreux à venir se ravitailler, aujourd’hui, en pain croustillant et chaud. Mais je préfère prendre un peu de distance avec les gens parce qu’il y a beaucoup de monde. Et ce n’est pas sûr avec le coronavirus qui est déclaré dans le pays. Personne ne sait qui est malade et qui ne l’est pas», renseigne le jeune garçon.
Sur l’Avenue Blaise Diagne, à quelques encablures du stade Iba Mar Diop, c’est la même ambiance qui règne à un autre lieu de vente. La boulangerie qui fait face aux deux voies qui mènent au rond-point de la Médina est prise d’assaut par les clients. Faute de place et supportant mal la longue attente, certains d’entre eux n’hésitent pas à s’adosser sur le comptoir scrutant les va-et-vient incessant du personnel.
Samba BARRY