Comme en France, les mesures annoncées par le gouvernement risquent d’être imparfaitement appliquées. A défaut de cours, les jeunes se ruent vers les plages, les gens s’entassent dans des transports en communs et les cérémonies familiales continuent de plus belle. Donc, si on veut écrêter le virus au Sénégal, il y a urgence de sévir ou de confiner le principal foyer connu.
Le lion s’est enfin réveillé. Macky Sall a fait ce que beaucoup de Sénégalais attendaient de lui : prendre des mesures énergiques pour tenter de casser la propagation de l’épidémie coronavirus dont le premier foyer connu est Touba. Et les Sénégalais l’ont accueilli à sa juste valeur en saluant ce dispositif pour écrêter cette courbe épidémique. Mais, pour stopper la progression de cette saloperie, l’Etat doit mobiliser l’armée dont tout le monde connaît le sérieux en première ligne. Cela, en érigeant des hôpitaux de campagne dans les foyers sensibles, avec l’aide de l’école militaire de santé. Car, il y a urgence nationale qui nécessite qu’on mobilise notre grande muette mais également de confiner la région épicentre de cette maladie au Sénégal. En effet, avec les nombreux déplacements entre la capitale et zone peuplée, plusieurs personnes qui ne savent pas qu’ils se baladent avec le virus vont infecter tout le pays. Et, dans le cas échéant, c’est bonjour les dégâts. Car, notre pays ne dispose pas de suffisamment de moyens sur le plan sanitaire pour faire face. Sauf à faire appel au partenaire chinois qui a construit l’autoroute Ila Touba pour nous venir en aide comme il le fait actuellement avec le pays le plus touché d’Europe, l’Italie, où il a dépêché deux avions, des médecins et une impressionnante logistique.
D’un autre côté, les mesures salutaires annoncées par le gouvernement risquent d’être anéanties par les comportements des populations. Comme en France, elles peuvent en effet être imparfaitement appliquées sans une réelle prise de confiance des populations, notamment sur la distanciation sociale prodiguée. Parce qu’il ne sert à rien de fermer les écoles pour confiner les jeunes chez eux et de voir les plages dakaroises bondées de monde. Ce qui pourrait favoriser la propagation du virus dans le pays ce, en plus des surcharges de certains transports de minibus Tata et autres cars rapides. Ou encore des cérémonies familiales qui continuent de plus belle.
De plus, l’urgence nationale a placé aujourd’hui le ministre en charge de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, à l’épicentre de la lutte. Mais, cela peut créer quelques problèmes puisqu’il ne peut pas convoquer le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, des Finances, Abdoulaye Daouda Diallo, ou de la Justice, Malick Sall, sur une question urgente. Ce qui nous ramène à l’absence de Premier ministre pour coordonner la lutte, poste supprimer de l’architecture institutionnelle du Sénégal pour des contingences politiciennes.
Si le chef de l’Etat a bien fait de renoncer à la célébration de la fête nationale du 4 avril, il doit maintenant s’employer à mettre des barrages sur les frontières pour stopper la propagation de ce virus très démocratique qui a contaminé même des chefs d’Etat des nations les plus puissantes et certains de leurs ministres.
Seyni DIOP