Le rond-point Liberté 6 a été débarrassé de ses encombrements, dimanche dernier. Après le passage des bulldozers du ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, WalfQuotidien a fait un tour, sur les lieux qui ont fait peau neuve. Sur place, piétons, chauffeurs de bus et de taxi poussent un ouf de soulagement mais demandent le suivi de l’opération.
Les piétons et conducteurs de véhicules qui avaient souvent l’habitude d’emprunter le rond-point Liberté 6 ont eu une belle surprise, hier. Cette artère stratégique de la capitale dakaroise qui était quasiment occupée par les tabliers et autres marchands ambulants a été complétement débarrassée de ses occupants. Un engin charge dans le camion de l’Ucg les restes de friperie, des tables, bancs, barrières en fer cassées, etc., entassés au milieu du rond-point. Les agents du ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique quadrillent les lieux avec des piquets sous la supervision des éléments du commissariat de police de Grand-Yoff. De loin, on peut apercevoir la station d’essence. Ce qui n’était pas possible auparavant à cause de l’occupation anarchique de la voie. On n’a plus besoin de jouer des coudes pour passer. Les piétons circulent facilement sur des trottoirs aérés. Idem pour les bus de transport et autres véhicules particuliers. Surpris par le nouveau visage qu’offrent les lieux, un jeune vendeur de café, habillé en Jean assorti d’un Lacoste bleu, thermos à la main droite, n’a pas manqué d’ironiser. «Au nom du préfet, du fils et du….», lance-t-il l’air taquin. Ce taximan, du nom de Ahmet Ndiaye pousse un grand ouf de soulagement. Selon lui, il était temps que les autorités prennent en main cette occupation anarchique du rond-point Liberté 6 qui, de son avis, n’avait que trop duré.
«Il y avait trop de laisser-aller. Il était très difficile de rouler sur la voie. Aux heures de pointe, j’évitais même de prendre des clients sur les parages. C’était devenu une prison à ciel ouvert pour les conducteurs, parce qu’on perdait beaucoup de temps rien que pour contourner le rond-point», déclare-t-il au volant de son véhicule. Un autre chauffeur d’un bus de transport lui emboite le pas. «Nous saluons ce geste des autorités. Le rond-point Liberté 6 était devenu un calvaire pour nous, chauffeurs de bus. On avait du mal à circuler correctement, de peur d’heurter les piétons. Parce qu’on disputait la voie avec eux, à cause de l’occupation des trottoirs par les marchands et les tabliers», embraie-t-il.
Talla Seck, conducteur de bus de transport pour des élèves d’un établissement scolaire privé ne dira pas le contraire. Il soutient s’être crêpé le chignon à plusieurs reprises avec certains tabliers pour avoir frôlé leurs marchandises alors qu’ils occupaient illégalement la voie. Toutefois, même si Talla Seck apprécie ce geste des autorités, il nourrit des craintes par rapport au suivi. Il rappelle que beaucoup d’espaces de la capitale à l’image des alentours du stade Léopold Sédar Senghor Dakar avaient reçu auparavant le même coup de balai. Mais, aujourd’hui, explique-t-il, la situation est pire qu’auparavant, les déguerpis ayant repris, petit à petit, leur espace. «C’est bien beau de déguerpir. Mais, je doute que cela puisse porter ses fruits. Parce que les autorités avaient fait le même travail aux alentours du stade Léopold Sédar Senghor. Mais, aujourd’hui, faites-y un tour. Vous constaterez de vous-même que les chauffeurs et les mécaniciens ont repris tout l’espace», déclare-t-il.
Si les populations applaudissent des deux mains, du côté des déguerpis, c’est la désolation. Ces derniers réclament un site de recasement. «C’est vrai, il y a certains de nos camarades qui ont été dédommagés, mais d’autres n’ont rien reçu. Nous voulons un site de recasement sinon ça ne sera qu’un éternel recommencement, parce que, nous allons retourner encore dans la voie publique. Nous avons des familles à nourrir», peste ce marchand du nom de Seydou Sall.
Samba BARRY