Les stands de la caravane de la Fonction publique, qui a débuté, hier, par la ville de Fatick, ont été très tôt pris d’assaut par les enseignants. Une présence massive des soldats de la craie qui laisserait croire qu’elle est organisée uniquement pour eux. A l’exception des étudiants, les quelques agents de l’Etat ayant effectué un déplacement, passent inaperçus.
Des motos Jakarta garées par-ci et par-là ont paré, hier, le décor des stands de la caravane de la Fonction publique qui a démarré par la ville de Fatick. Ces moyens de déplacement prisés par les professeurs de collèges et instituteurs étaient stationnés un peu partout dans les parages de la gouvernance de Fatick. Ici, outre les étudiants venus récupérer leurs diplômes de baccalauréat, le corps enseignant a été le plus représenté de tous les agents de l’Etat. Youssoufa Cissé, Professeur de sciences et technologies au Bloc scientifique et technologique de Fatick (Bstf), est de la partie. Il justifie son déplacement par le souci de suivre l’état d’avancement de son dossier de validation de son acte. «Je l’ai déposé depuis le mois d’octobre. C’est très difficile avec les lenteurs administratives. Les enseignants souffrent», déplore-t-il. Perché sur sa moto en attendant son tour, il salue l’initiative tout en mettant en garde les autorités sur sa politisation. «Elle peut amoindrir les souffrances des enseignants. Qu’on respecte le principe de sa création», ajoute-t-il.
A quelques mètres de notre premier interlocuteur, Souleymane Bâ, oreille droite scotchée sur le téléphone, suit les rangs. Il est inscrit sur la deuxième liste pour vérifier son acte de reclassement. D’après ses dires, il n’arrive toujours pas à entrer en possession de ce document alors que son numéro de projet remonte au 20 mars 2019. «Je veux juste savoir à quel niveau se situe le blocage. Comme nous sommes bien accueillis, nous espérons obtenir gain de cause. Je patiente pour voir la suite», confie cet enseignant à l’école élémentaire de Niakhar, une localité distante de 18 de kilomètres de Fatick.
Plus de vigilance
Secrétaire général du Sel/authentique du département de Gossas, Amadou Doudou Ly déclare qu’il a vaqué à son poste à l’Ief de cette ville pour s’enquérir de la situation de ses camarades. A l’en croire, ces derniers attendent depuis des années leurs dossiers administratifs qui se trouvent dans le circuit. «A cause des lenteurs administratives, ils ne parviennent pas à avancer. Nous magnifions l’idée de décentraliser les services de la Fonction publique. Nous nous sommes déplacés tôt le matin, mais nous avons trouvé toute une cacophonie par rapport à l’organisation. C’est un genre de meeting que les autorités ont voulu créer ici. Cela montre qu’elles ne sont pas encore prêtes. Il faut une certaine rigueur par rapport à la diligence des actes administratifs des agents de la fonction publique», souligne M. Ly. Qui poursuit : «Nous demandons aux autorités d’être beaucoup plus vigilantes par rapport à la situation des enseignants. Ils prennent des années pour obtenir un acte d’avancement. Il n’y a pas un seul enseignant qui ne souffre pas de ces lenteurs administratives. Nous avons besoin de ces actes pour avancer dans nos carrières».
Des bacheliers de 2014, 2015, 2016, à l’assaut des stands
Au niveau des stands aménagés pour accueillir les inscriptions sur la plateforme de recrutement dans la Fonction publique et de la récupération du diplôme de Baccalauréat, les étudiants sont venus en nombre. Beaucoup d’entre eux ont quitté les universités publiques et privées pour espérer repartir avec le sésame. Peine perdue puisqu’il y a un préalable. «Je viens de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour récupérer mon diplôme de Baccalauréat. On m’a fait savoir qu’il me faut d’abord m’inscrire sur la plateforme Télédac pour obtenir le numéro de mon dossier. Je l’ai fait sur place. On va me rappeler dans une semaine», a laissé entendre Papis Ndiaye. «J’ai obtenu mon baccalauréat en 2014 à Fatick. Certains de mes camarades n’ont pas pu s’inscrire parce que leurs noms ne figurent pas sur la plateforme», ajoute-t-il. A ses côtés, est assise Bineta Djiba venue elle aussi de Dakar. «Je suis étudiante en deuxième année au département d’espagnol de l’Ucad. J’ai obtenu mon Bac en 2016. Je ne me suis jamais présentée à l’office du baccalauréat pour sa récupération. Je me suis inscrite sur la liste il y a à peine une semaine. C’est pourquoi je suis venue pour voir s’il est disponible», confie-t-elle.
Même son de cloche chez Fatoumata Jahra Bintou Tall qui est toujours en vacances. Raison pour laquelle la caravane l’a retrouvée dans sa ville natale. «La caravane a coïncidé avec mes vacances que j’ai prises juste après mon examen. J’ai eu mon Bac en 2015. Je m’étais inscrite sur la plateforme au mois d’octobre dernier. On m’avait envoyé un numéro d’inscription représentant mon code. J’ai espoir. On m’a dit que mon diplôme sera disponible à partir de la semaine prochaine», se félicite-t-elle.
Salif KA