Les membres du Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (Bad) sont à Dakar depuis quelques jours pour visiter les chantiers du Train express régional (Ter). Une occasion que le Collectif des 1 500 familles impactées compte mettre à profit pour faire constater aux hôtes de Macky Sall, les dégâts causés par ce projet de transport.
La visite des membres du Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (Bad) au chantier du Train express régional (Ter) ne sera pas une promenade de santé pour les autorités sénégalaises. Le Collectif des 1 500 familles impactées, qui ruminent leur colère depuis des mois pour réclamer leurs indemnités, compte profiter de cette visite du bailleur pour étaler leurs souffrances. Ils ont tenu, hier, un point de presse pour peaufiner leurs stratégies afin d’obtenir la réparation des préjudices subis. «Ce point de presse se tient dans un contexte particulier. Le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (Bad) qui a financé le projet du Train express régional (Ter) est en visite au Sénégal. Au moment où ils se pavanent au Sénégal pour constater de visu les grands projets, des milliers de familles qui sont représentés par le collectif national du Ter sont en train de souffrir des impacts de ce projet du Ter. Nous nous sommes réunis pendant 2 jours pour préparer la mission de médiation parce que les 1 500 familles impactées par le Ter vont aller à la conciliation à partir de cette semaine», lance Alioune Sané, directeur et fondateur de la Lumière synergie pour le développement.
Pour ce dernier les 1 500 familles réclament justice et elles souhaitent que le Conseil d’administration de la Bad vienne voir de visu pour mesurer combien le non-respect des exigences sociales et environnementales du projet a engendré des drames sociaux.
Coordonnateur national du Collectif des impactés du Ter Ibrahima Cissé révèle qu’une plainte a été adressée aux différents bailleurs notamment la Bad, la Banque islamique de développement (Bid) et l’Agence française de développement (Afd). Et l’éligibilité de cette plainte leurs donne le droit à une conciliation nationale suivie d’un audit de conformité environnementale et sociale. Parce qu’ils se sont sentis lésés. Pis, ces familles indique-t-il, sont même réduits à la pauvreté par ce projet de Ter. Car, l’Agence nationale chargée de la promotion de l’investissement et des grands travaux (Apix), qui est maître d’ouvrage de ce projet, a mal libellé, selon lui, le plan d’actions et d’installation qui n’a pas associé les impactés. Il soutient que le plan d’action a été mal exécuté ce qui a fait qu’il a créé beaucoup de mal au sein des populations. Ibrahima Cissé accuse l’Apix de les avoir délogés sans respecter les normes édictées par ces institutions financières.
A l’en croire, les indemnisations aussi n’ont pas été bien faites. Les commerçants de Thiaroye et de marché Mame Diarra courent toujours derrière les autorités pour leurs indemnités. Il s’y ajoute les brocanteurs qui étaient implantés au niveau de Colobane et Idem pour les entreprises, Les titres fonciers n° 265 de Rufisque et les maraîchers.
Pour lui, il est important que la communauté nationale et internationale sachent ce que vive ces 1 500 familles et que justice leur soit rendue. De son avis, l’Apix a privilégié les ferrailles, les trains au profit des populations. Car, elle a mené une mission de régression sociale avérée et les propriétaires de maisons sont devenus des locataires à cause de ce projet. «Ceux qui avaient leurs entreprises vont directement au chômage. L’Apix a travesti le projet en un projet de paupérisation de la masse. Il faut que le président de la République sache que tout ce qu’on lui a raconté sur ce projet ce ne sont que des bobards. Ceux qu’il avait désigné comme exécutant sont devenus des exécuteurs. Ils nous ont plongé directement dans la pauvreté», martèle-t-il.
Samba BARRY