MACKY RECADRE LES ACTIVISTES ET LES DROITS DE «L’HOMMISTE»
«Celui qui choisit la Place de l’Indépendance ou le Palais…»
Le chef de l’Etat n’est pas insensible aux critiques des défenseurs des droits humains qui lui reprochent la restriction des libertés, l’emprisonnement d’activistes et l’interdiction systématique de manifestations. La réplique du Président Macky Sall est sans appel.
Le gouvernement est loin de restreindre les libertés publiques, comme le font croire les activistes et les défenseurs des droits humains. Cette précision est du président de la République, Macky Sall. Il a profité de la tribune offerte par la cérémonie officielle de présentation du rapport du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep), pour apporter la réplique aux défenseurs de Guy Marius Sagna. Du nom de l’activiste mis en prison pour avoir manifesté contre la hausse du prix de l’électricité devant le Palais. Avant-hier, la Lsdh, Amnesty, la Raddho et Article 19 ont reproché au régime du Président Sall de restreindre les libertés publiques, à travers notamment l’arrestation d’activistes et de lanceurs d’alerte et l’interdiction systématique des manifestations pacifiques. De quoi susciter la réplique du chef de l’Etat. «L’exercice des libertés qui fait souvent polémique n’entache en rien son statut de pays démocratique. L’exercice des libertés publiques est garanti et ne souffre d’aucune limitation, sauf nécessité de prévenir les risques de trouble à l’ordre public, de garantir la libre circulation des personnes et de leurs biens et d’assurer leur sécurité. En vérité, l’autorisation est la règle, l’interdiction l’exception», a précisé le Président Macky Sall. Selon qui, le Sénégal est une nation de droit fondée sur des valeurs de tolérance, de liberté qui s’exercent dans un climat de paix et de stabilité politique et institutionnelle.
118 manifs interdites en 2018, 71 en 2019
Dans sa déclaration, le chef de l’Etat soutient que les statistiques du gouvernement révèlent qu’en 2018, sur 4 828 déclarations de manifestations publiques, 118 ont été interdites, soit un taux de 3, 44 %. Et qu’au troisième trimestre de l’année 2019, sur 4 284 déclarations de manifestations, seules 71 n’ont pas été accordées, soit un taux de 1,68 %. «Celui qui choisit la Place de l’Indépendance ou le devant du Palais de la République pour contester, c’est qu’il ne veut pas faire une marche pacifique», raille le chef de l’Etat, le sourire aux lèvres. «Lorsque les initiateurs de marches sont en conformité avec les autorités administratives, en l’occurrence les préfets, il n’y aura aucun problème. Il est même fréquent que la Police encadre la marche et des sapeurs-pompiers mis aux ordres des marcheurs fatigués», poursuit-il.
Le rapport du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Meap) a été publié en 2017 à Addis Abeba, en Ethiopie. Lequel rapport plaçait le Sénégal dans le lot des 25 pays africains les plus pauvres. Ainsi, en réponse aux recommandations soulevées dans le document en question, le chef de l’Etat dit prendre acte et promet de corriger ces manquements liés à la bonne gouvernance. «Je partage les défis qui ont été soulevés. Nous allons les mettre en œuvre ensemble. La question de l’emploi des jeunes, de la formation professionnelle, de la démocratie, etc. constituent des défis à relever», laisse-t-il entendre. Non sans oublier de préciser qu’une démocratie achevée n’existe pas. «J’ai placé la bonne gouvernance au rang des hautes priorités du Pse qui est notre référentiel en matière de politique publique», dira le président de la République.
Salif KA