Si rien n’est fait, la saison sèche risque d’être une éternité pour les paysans et pasteurs qui n’ont pas été gâtés par la pluie. C’est tout le sens de l’assurance agricole dont la cagnotte commence à être sollicitée.
Une insécurité alimentaire accrue et une malnutrition planent sur le Sénégal en 2020. Elle est la résultante du bilan négatif de la saison des pluies de l’année 2019. Au cours de cette année, un important déficit pluviométrique a été noté dans certaines zones du pays. Le nord, notamment, n’est pas parvenu à atteindre la barre de 300 millimètres de pluies. Conséquence : des signaux d’insécurité alimentaires ont déjà été perceptibles sur le terrain. Ce qui a conduit à l’intervention de certains organismes pour assister les populations à la base afin de les épargner des pires souffrances. C’est ainsi que, en juillet 2019, 7 451 personnes ont été assistées pour un besoin de financement d’environ 2,5 milliards FCfa. Le Directeur de la Protection civile qui a pris part hier, à l’atelier de lancement de la mise en œuvre du plan national de réponse à l’insécurité alimentaire avec des membres de African Risk Capacity, en a rajouté révélant que plus de 900 mille agriculteurs et pasteurs ont été affectés par cette situation. L’Etat ayant souscrit à cette police d’assurance, African Risk capacity (Arc) va dédommager à hauteur de 13 milliards pour couvrir les pertes dues aux mauvaises récoltes. Il s’agira ainsi d’accompagner les victimes dans le cadre de l’assistance alimentaire des populations à travers la distribution gratuite d’aliments, la prise en charge de la malnutrition des groupes vulnérables et la vente subventionnée d’aliments de bétail pour les éleveurs. L’intervention va se dérouler dans 27 des 45 départements que compte le Sénégal
Secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire, Jean Pierre Senghor, qui a pris part à cette rencontre, a fait le malheureux constat. «Il y a eu quelques inquiétudes durant l’hivernage passé avec l’arrivée tardive des pluies et les gens qui sèment tôt. Conséquence : beaucoup d’agriculteurs ont perdu leurs semences. C’est ce qui a frappé la plus grande partie des producteurs. Cette assurance nous permet d’accompagner les producteurs qui ont semé tôt. Il y a également eu des zones du pays (le nord) où il n’y a pas eu 300 millimètres de pluies. Des départements comme Podor ont été tirés vers le bas par les ménages pastoraux : le couvert végétal n’a pas été important. Idem pour la biomasse. Les bêtes n’ont pas de quoi manger», dira-t-il. «Il y a une multitude d’évènements qui se sont conjugués qui fait qu’on n’a pas eu un hivernage intéressant», ajoute-t-il. Cette aide, à l’entendre, «arrive à point nommé».
Quant au Directeur de la Protection civile, Abdoulaye Noba, il trouve que «ces populations disséminées à travers le territoire national ont le droit de bénéficier de l’assistance de l’Etat qui, en de pareilles circonstances, bénéficie de fonds de la mutuelle panafricaine de gestion de risques». Et ajoute-t-il, «c’est tout le sens de la création de cette institution spécifique de l’Union africaine qui vise à renforcer la capacité des Etats dans la gestion des risques et à améliorer les mécanismes actuels de réponses aux crises alimentaires à travers un système d’assurance qui garantit une gestion dynamique».
Magib GAYE