Les Présidents ouest-africains qui ont déclaré qu’ils ne brigueraient pas un troisième mandat fragilisent leur homologue sénégalais au niveau national et international. Macky Sall, qui fait dans le clair-obscur, devient de plus en plus isolé.
Muhamadou Buhari du Nigéria, Mamadou Issoufou du Niger et surtout le président ivoirien Alassane Ouatarra, ont renoncé publiquement et sans ambages à se représenter pour un troisième mandat. «A l’occasion de mes 75 ans, ceci m’amène à réaffirmer que les institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020», a déclaré le président ivoirien cité par Rfi. La radio française rappelle que Ouattara l’avait affirmé en 2015 avant sa réélection, il l’avait redit au moment du referendum constitutionnel et il l’a donc «re-redit» mercredi lors de la présentation des vœux aux corps constitués. Il y a quatre jours, Buhari a réitéré qu’il ne tenterait pas de briguer un troisième mandat. Il a également déclaré qu’il va se retirer en 2023 à la fin de son mandat. Déjà en avril 2017 le Président Nigérien assurait qu’il ne modifierait pas la constitution pour briguer un troisième mandat. En s’exprimant contre un troisième mandat, ces chefs d’Etat coupent ainsi l’herbe sous les pieds du Président sénégalais qui fait toujours dans le clair-obscur. En effet, invité le 31 décembre dernier à se prononcer clairement, par oui ou par non sur une éventuelle candidature à la prochaine présidentielle, Macky Sall déclare: «Je ne dirai ni oui ni non». Il explique sa position ambiguë par le fait que, d’après lui, s’il affirme qu’il ne briguera pas un troisième mandat les responsables de son parti qui ont des ambitions présidentielles ne vont plus travailler. Une position qui cache mal, selon l’opposition et ses détracteurs, sa volonté de passer outre la constitution qui stipule que nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. Mais en tout état de cause, les prises de positions nettes et tranchées de Muhamadu Buhari, Mamadou Issoufou et d’Alassane Ouatarra l’isolent au plan international. Ainsi, Macky Sall devient de plus en plus une sorte de singleton aux yeux de ses homologues ouest-africains qui ont décidé de faire deux mandats.
Au niveau national, Muhamadu Buhari, Mamadou Issoufou et d’Alassane Ouatarra le fragilisent aux yeux des Sénégalais qui considèrent le troisième mandat comme étant désuet. Car de plus en plus, le troisième mandat ne passe plus en Afrique. Les populations n’acceptent plus que leurs élus s’éternisent au pouvoir. Ainsi, faire deux mandats consécutifs et partir, tend à devenir la règle. Et plus de deux mandats, l’exception en Afrique au sud du Sahara, principalement dans l’ouest du continent. Tous les chefs d’Etat de la sous-région qui sont à leur deuxième mandat ont décidé de se conformer à cette règle et de ne pas violer leur constitution, à l’exception notable du président Macky Sall et Alpha Condé de la Guinée. Le premier entretien volontairement le flou et le second ne fait plus mystère de modifier la constitution de son pays pour solliciter le suffrage des Guinéens pour la troisième fois.
Charles Gaïky DIENE