«Entretenir le débat sur le 3e mandat nous écarte des questions essentielles »
La réponse ambigüe du président de la République, lors de son Grand entretien, à l’occasion du nouvel an sur le débat sur son troisième mandat ne s’estompe toujours pas. La présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), a donné, elle aussi son avis. Comme son mentor, Aminata Touré, invitée de l’émission dominicale Grand jury de Rfm, n’a pas été claire. Interrogée sur le sujet, elle indique que la question du 3e mandat est déjà réglée par le président de la République dès le début de son premier quinquennat. «Macky a donné sa position et a déjà donné sa réponse depuis le 31 décembre. La question du 3e mandat est derrière nous. Entretenir le débat sur le 3e mandat nous écarte des questions essentielles. On ne peut pas parler de politique toute une année. Il faut s’occuper des questions économiques et sociales», a déclaré, l’ancien Premier ministre qui dit comprendre que la question puisse fâcher le président de la République. Elle soutient que ce débat n’intéresse pas les Sénégalais. «La politique a trop de place dans la vie du pays alors que les Sénégalais, dans leur très grande majorité, sont intéressés surtout par leurs moyens d’existence, l’emploi, la santé, l’éducation, le pouvoir d’achat, le logement entre autres questions déterminant leur vie et celles de leur famille», déplore Mme Touré. Qui poursuit que le Président Sall «a un travail important à faire pour le pays et il compte se concentrer sur ce travail. Si on devait faire que de la politique pour les quatre prochaines années à venir, je ne pense pas que ce serait bon pour le pays qui a encore des défis importants à relever».
Sur un autre registre, l’ancien Premier ministre a évoqué les dissensions notées les semaines dernières au sein de l’Alliance pour la République (Apr), les querelles que se livrent les responsables de cette formation politique par médias interposés. Aminata Touré, même si elle semble minimiser ces diatribes entre camarades de parti, invite à la retenue afin d’éviter de se vilipender publiquement. «Ces disputes sporadiques sont des épiphénomènes et ne sauraient mettre le voile sur les importantes réalisations économiques et sociales réalisées depuis 2012. Mais il est toujours préférable de régler nos problèmes internes à l’intérieur de notre parti mais la démocratie de nos jours est turbulente et exaspère parfois les citoyens normaux qui préféraient que les leaders politiques se concentrent sur les problèmes de la Nation et la recherche de solutions».
Aminata Touré n’a pas épargné aussi son prédécesseur à la Primature, Abdoul Mbaye. Ce dernier lors de sa dernière conférence de presse avait indiqué que le régime ira droit au mur en 2020. Elle affirme que le président de l’Act a une rancune tenace envers Macky Sall depuis son limogeage de la tête du premier gouvernement. «Abdoul Mbaye ne peut avoir de positions objectives car ses capacités intellectuelles, par ailleurs indéniables, sont altérées par une rancœur tenace. Il ne pardonne pas au Président Macky Sall de l’avoir remplacé. Je crois qu’il ne le lui pardonnera jamais», cogne-t-elle. Et de poursuivre : «Les électeurs lui ont clairement dit ce qu’ils pensaient de son attitude: aux élections législatives de 2017, il a eu 3 voix dans son propre bureau de vote. Au niveau national, Abdoul Mbaye a vaillamment obtenu 14 231 voix sur 3 310 435 électeurs qui sont allés aux urnes, soit 0,4 % des suffrages. Et bien entendu, Abdoul Mbaye n’a pas été capable de rassembler le nombre de parrainages requis pour se présenter à l’élection présidentielle. Il souhaiterait que le pays tout entier s’embrase et sombre rien que pour faire payer au chef de l’Etat l’outrecuidance de l’avoir relevé. Si ce n’est pas de la mégalomanie, ça y ressemble beaucoup. Quand on aime le Sénégal, même en étant dans l’opposition on ne devrait pas lui souhaiter tous ces malheurs que Abdoul Mbaye annonce».
En revanche, le Sénégal, depuis son indépendance, n’a pas connu de femme présidente de la République. Ainsi, la présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) affirme qu’il faut «briser le plafond de verre. Ce qui fait la différence, ce sont les aptitudes». Pour son éventuelle candidature en cas du forfait de 2024, elle souligne qu’elle répondrait «à date échue».
Mamadou GACKO