Les rendements dans la production du riz risquent de connaitre une baisse cette année dans la cuvette rizicole de Wassétaké. Les paysans qui pleurent sur leur sort craignent une éventuelle famine.
(Correspondance) – A la cuvette rizicole de Wassetaké, les producteurs de riz ne ferment plus l’œil depuis quelques semaines. Et pour cause, en campagne hivernale, ils risquent de récolter plus de paille que de riz. Au milieu de son champ, Abdoulaye Ly s’indigne vivement de la situation actuelle à laquelle lui et ses parents cultivateurs font face. Selon lui, la Saed leur a donné une machine recyclée. A l’arrivée, cette machine peine à irriguer un hectare par jour. Ils déplorent le fait d’entendre dans les médias que l’Etat a distribué des machines dans la vallée. En tout cas, en ce qui les concerne, ils affirment n’avoir jamais vu la couleur de ces motopompes.
Une autre complainte de ces producteurs est relative au fait que, avec la campagne hivernale de cette année, ils risquent même de ne pas avoir deux tonnes à l’hectare. Contrairement à l’année dernière où ils avaient eu dans chaque hectare sept à huit tonnes, selon Ibrahima Abdoul Anne, président de l’Union des producteurs de l’arrondissement de Saldé. «La situation que nous vivons est si critique que non seulement cette campagne hivernale est hypothéquée, mais les paysans sont dans la psychose du fait, qu’ils ne pourront pas entamer la campagne de contre-saison qui doit commencer dès ce mois de février», dit-il. Cela veut dire tout simplement, pour lui, que «nous n’aurons, rien que cette année, deux campagnes agricoles qui seront ratées. Pour quelles raisons, les paysans ne pourront pas aller en campagne de contre-saison ? C’est parce qu’ils n’ont pas payé leur dette de 7 millions Cfa qu’ils doivent depuis l’année dernière à la Banque agricole». S’y ajoute que «des responsables d’une banque de la place ont, à leur tour, refusé de donner aux paysans de la cuvette un éventuel financement pour leur campagne de contre-saison qui doit débuter ce mois de février», se désole le président de l’union des producteurs de l’arrondissement.
Dans leurs champs en train de colmater les brèches, les paysans font de leur mieux pour récupérer ce qui peut l’être. Ils s’offusquent du fait que la machine qui irrigue difficilement leur cuvette ne soit pas neuve. Cette machine de «seconde main» qui est dans un état vétuste, alimentée à base de gasoil, ne peut pas fonctionner un bon bout de temps. Les paysans de déplorer surtout que ce sont eux-mêmes, qui cotisent pour acheter le carburant qui doit faire fonctionner leur machine. «Malgré nos moyens limités et puisque nous ne pouvons pas rester ici à ne rien faire, nous sommes obligés de nous sacrifier, ne serait-ce que pour exploiter quelques parcelles. Il est vrai que ce que nous récoltons ne sert pas à grand-chose, mais nous sommes obligés de faire avec pour éviter de mourir», lancent les producteurs découragés par un secteur qui fut pourtant il y a quelques années une véritable bouffée d’oxygène pour les populations situées dans cette zone. Ces paysans se disent très indignés au moment où leurs collègues des autres localités cultivent avec des machines toutes neuves distribuées par l’Etat du Sénégal.
Abou KANE