Les manifestants contre la hausse du prix de l’électricité n’ont pas pu accéder, hier, à la place de l’Indépendance, lieu indiqué pour abriter le rassemblement. Les dispositifs sécuritaires de la police nationale sont passés par là. En effet, les forces de l’ordre les ont matés avant d’interpeler une quarantaine d’entre eux. La presse aussi en a reçu sa dose. Les journalistes ont été brutalisés et leurs matériels vandalisés par les forces de l’ordre.
Les conseils de Souleymane Ndéné Ndiaye, ancien Premier ministre sous Wade, ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Sa formule a été appliquée à la lettre, hier, par son ami, le président de la République, Macky Sall. En lieu et place d’encadrer la marche pacifique de la plateforme Nio Lank Nio Bagn, pour dénoncer la hausse du prix de l’électricité et exiger la libération de leurs camarades détenus pour la même cause, le régime opte pour la répression. Et c’est pour mater la jeunesse qui l’avait porté à la magistrature suprême en 2012. Avant 14 heures, les forces de l’ordre avaient déjà pris d’assaut les artères de la capitale. On aperçoit des check-points partout à travers les ronds-points et de certaines zones soupçonnées par les autorités. Des policiers à perte de vue.
Les circulations des piétons se limitent au rond-point Sandaga. Elles sont interdites au centre-ville. Seuls les automobilistes y accèdent. Idem pour la place de l’Indépendance où était prévu le rassemblement. Des manifestants invisibles. Les policiers tirent sur tout ce qui leur traverse sous les yeux. Tantôt, c’est la presse qui encaisse leur coup de colère, tantôt ce sont les spectateurs. En effet, le nombre de limiers mobilisés dépasse celui des manifestants, journalistes et spectateurs réunis. Les véhicules ne sont pas en reste. Seulement au rond-point de la pharmacie Guiguon, on pouvait décompter une dizaine de pick-up sans compter le dragon. Pendant que les uns restent immobiles, d’autres voitures de police font des rondes. Les policiers divisés en groupes supervisent la presse. D’un moment à l’autre, ils jettent des lacrymogènes pour disperser les groupuscules de personnes qui se formaient tour à tour.
Plus d’une quarantaine d’arrestations
Les manifestants n’ont pas pu accéder au point de chute. Les dispositifs sécuritaires qui ont été pris par les forces de l’ordre sont passés par là. Aucun rassemblement n’a pu être tenu, hier. Les récalcitrants en ont payé leurs frais. Ils ont été très tôt interpellés. Dans ce premier lot de manifestants qui ont été arrêtés, figurent Aliou Sané, coordonnateur du mouvement Y en a marre, Cyrille Oumar Touré alias Thiat, Tiger et Cheikhou, du même mouvement. Ainsi vont suivre Daouda Gueye, Alioune Badara Mboup de Frapp/France Dégage, Abdourahmane Samakhé de One million March et Saliou Ndiaye de Y en a marre Thiès. En effet, plus d’une quarantaine de manifestants ont été interpelés. Toujours dans les rangs des personnes arrêtées, on peut citer, entre autres Thierno Bocoum, leader du mouvement politique AGIR, Cheikh Sadibou Diop, Ardo Ba, des «gilets rouges».
Salif KA