Abdourahmane CAMARA a réuni, hier pour la dernière fois, toutes les forces vives de la Nation.
Ils étaient nombreux à effectuer le déplacement jusqu’à la mosquée Aboubakrine Sadikh à Sacré-Cœur, pour assister à la cérémonie de levée du corps du défunt directeur de publication de WalfQuotidien. Ministres, maires, avocats, magistrats, journalistes, patrons de presse et des autorités d’univers différents se sont présentés sur lieux pour livrer leurs derniers messages d’Adieu à leur ami, pour certains, collègues et collaborateurs pour d’autres. «La disparition de Camou est tombée comme une bombe. Il était quelqu’un d’indispensable à la société, un journaliste aguerri, un formateur. Il était la vigie de l’orthodoxie dans la pratique journalistique. Il était l’ami de tout le monde», témoigne Ann Marie Fall, ancienne journaliste de la Rts à la retraite. Venue rendre un ultime hommage à celui qu’elle considère comme modèle, elle soutient que les témoignages sur le défunt sont unanimes. «Il était disponible, humble, modeste. C’était un saint. Je n’ai jamais essuyé de la part de Camou un non», confie-t-elle.
L’espace était devenu très étroit pour contenir ce beau monde désemparé. Avant 09 heures, l’heure indiquée pour la cérémonie, la mosquée était déjà pleine. Idem pour la cour à l’intérieur de laquelle des chaises sont installées pour l’accueil des femmes et des personnes du troisième âge. Non loin, on aperçoit un groupe d’autorités. Parmi celles-ci des juges, des directeurs, des fonctionnaires de l’Etat. Même le Premier président de la Cour d’Appel de Dakar, Demba Kandji, était de la partie. Un calme plat dicte sa loi. Des va-et-vient rythment l’ambiance. «J’ai très longtemps connu Abdourahmane Camara. Il fait partie des journalistes qui ont beaucoup aidé à l’émergence de la société civile. Au début, c’était très difficile d’accéder à l’information. Et Camou fait partie de ces pionniers de journalistes qui ont ouvert leurs colonnes aux organisations de la société civile», témoigne Me Mame Adama Gaye, dans cette foule. «Sa disparition est une grande perte de la presse sénégalaise parce qu’il incarne le dernier Mohican. Nous avons un rapport qui était devenu familiale. J’ai formé son jeune frère Youssoufa Camara qui a été mon stagiaire. Il est constant. Il n’a jamais changé», poursuit-il.
Ministres, avocats, magistrats, journalistes, patrons de presse…
A un moment donné, compte tenu de l’étroitesse de la cour de la mosquée, la rue devient une alternative pour toutes les personnes ne trouvant pas de places. Ici, un nombre dépassant celui qui est à l’intérieur campe le décor. Difficile de se frayer un chemin ou de se déplacer, à cause d’une bousculade intense. L’ancien ministre sous le régime Wade, Abdoulaye Baldé se fond dans la masse. «Il était pour moi un grand frère. On s’est connu à l’université à mes débuts. Je suis de la promotion de son jeune frère. Il n’a jamais cessé de me conseiller, même dans ma carrière politique. Il était un homme imbu de valeurs cardinales. Il était également un journaliste impair. Il était incorruptible. C’est une grande perte pour la nation sénégalaise», confie-t-il. Selon lui, Camou est un modèle pour la profession de journaliste au Sénégal.
Ancien journaliste à Walf, Jonhson Mbengue abonde dans le même sens. Ce dernier souligne que son premier article publié à Walf date du 09 novembre 1996, sous la direction de Camou. Il y resta jusqu’au 31 janvier 2008 pour se lancer dans d’autres aventures. «Cela veut dire que j’ai passé 12 ans avec Camou à Walf. Il a été le plus loyal des loyaux. Entre Sidy Lamine Niass et Abdourahmane Camara, c’était une grande complicité. Aucune décision n’a été prise concernant le groupe de presse sans l’aval de Camou. Beaucoup de gens ne le savaient pas. Walf vient de perdre un de ses piliers les plus essentiels», témoigne-t-il. A l’en croire, Camou n’a connu que Walf. «Il était un professionnel jusqu’au bout des ongles. C’était un encadreur d’une rigueur exceptionnelle. Pour travailler avec lui, il faut savoir bien écrire. Il n’hésitait pas à geler des papiers. Il était un grand professeur», révèle Johnson Mbengue.