Depuis un certain temps, une crise latente mine l’Apr. Crise marquée par des invectives, des déballages… entre responsables du parti au pouvoir.
Interpellé sur cette question en marge de l’école du parti du Pcs/ Jengu Tabax de Boubacar Camara, l’expert en communication et ancien Conseiller du président Abdoulaye Wade a livré des explications. Momar Thiam qualifie cela à un terrorisme verbal. Faisant le diagnostic de la communication gouvernementale, il détaille : «Nos hommes politiques n’ont pas une culture communicationnelle professionnalisée. Ils ne disposent pas d’outils. Ils mélangent parfois communiqué et médiatisé. Ceux qui encadrent quelque fois la communication du gouvernement sont plus des professionnels de l’information que de véritables experts ou acteurs en communication politique». Cela, à l’entendre, contribue à parasiter la communication gouvernementale et celle présidentielle. On passe à côté des véritables enjeux qui doivent faire l’objet de la communication gouvernementale et celle présidentielle : Education, énergie avec la hausse de coût de l’électricité, la santé, la bonne gouvernance».
Qualifiant les joutes verbales de Moustapha Cissé Lô et de Yakham Mbaye à un terrorisme verbale, l’ancien Conseiller en communication de Wade précise : «Lorsque Yakham Mbaye va jusqu’à dire que Cissé Lô a bénéficié de 5 145 tonnes d’engrais, les gens ont le droit de se poser jusqu’au plus bas niveau où se situe l’éthique et la déontologie politique». Quelque part, déplore-t-il, «c’est s’accusé alors qu’ils sont au pouvoir d’une mal gouvernance. C’est ce message qu’ils envoient. Ce terrorisme verbal continue à parasiter la communication gouvernementale mais aussi de les mettre dans une situation où il serait compliqué de s’en sortir. Les populations vont arriver dans une situation de la crispation politique». «C’est comme une marmite en ébullition, on ne sait pas quand cela va exploser. Et lorsque ça va exploser cela va se faire en pleine figure du dirigeant de ce pays. D’autant plus qu’il s’est séparé d’une soupape de sécurité qui est le Premier ministre».
Pour résorber cette situation, l’ancien Conseiller en Communication du président Wade invite le président Macky Sall à siffler la fin de la récréation. «Le président de la République est la figure de proue de nos institutions. La parole présidentielle est la première parole de ce pays. Le pays est arrivé à un moment où les crispations font rages, c’est au président de reprendre l’initiative pour siffler la fin de la récréation pour rassurer les Sénégalais, donner des gages de crédibilité dans la conduite de sa politique afin de mettre un terme à ce terrorisme verbal», dira-t-il encore.
L’autre question abordée par l’expert en communication, c’est la forte présence des personnes du 3ème âge dans la dernière marche du mouvement Nio Lank Nio Bagne. «On a vu dans cette marche, l’implication du troisième âge. C’est un message à décrypter», explique Momar Thiam, qui ajoute : «Cela agrandit le mouvement de contestation. L’affaire est en train de faire des ébullitions et peut à tout moment exploser. Dans tout les pays où ça a explosé, on a d’abord commencé à discréditer la classe politique. C’est ce qui s’est passé en Algérie». Mais reconnaît-il, «au Sénégal on a des soupapes de sécurité : ce sont les religieux et Khalife des différentes confréries. Ils contribuent en appelant à l’apaisement».
Magib GAYE