Lors de son passage devant les députés pour le vote de son budget, Alioune Ndoye, avait fait des recommandations sur la possibilité de geler ou de mieux réguler les autorisations des usines de farine et d’huile de poisson.
Cependant, pour Greenpeace Afrique, il est indispensable de geler tout ce qui touche à l’industrie de la farine et de l’huile de poissons dans le pays. Selon elle, cette pratique a un impact négatif sur la sécurité alimentaire des populations, sur l’environnement et sur l’emploi de milliers de femmes. Dans sa réplique, l’Organisation britannique souligne que ce gel ne devrait avoir pour seules exceptions que les usines utilisant les déchets issus de la transformation industrielle et artisanale et dont les capacités seraient ajustées au tonnage des résidus non aptes à la consommation humaine. Aujourd’hui, au Sénégal, on ne peut penser avoir une durabilité des activités et de la ressource si le poisson est dilapidé et transformé en farine et huile de poissons destinés à nourrir des animaux et des poissons d’aquaculture dans des pays étrangers au détriment des populations locales», prévient-on dans la note de mise en garde. Par ailleurs, l’organisation relève que pour une capacité de production de 9 000 tonnes de farine, il faut environ 40 000 tonnes de matière première pour les usines. Ce qui représente, dit-on, plus que le total des captures de poissons débarquées au quai de pêche de Kayar pour toutes les espèces confondues sur une année.
En d’autres termes, Greenpeace soutient que 150 000 personnes seraient privées de protéine animale indispensable à leur survie pendant un an. En outre Greenpeace Afrique pense que l’aquaculture qui ne représente que 0,2 % de la production halieutique globale pourrait être une alternative à condition qu’elle soit paysanne, extensive et non tributaire de la farine de poisson. Ainsi, elle précise au ministre Alioune Ndoye que la priorité de l’heure est plutôt la gestion transparente et durable des ressources pour permettre aux pêcheurs de pouvoir vivre dignement de leur travail. A cet effet, il souligne que l’accent devrait être donc mis dans la lutte contre la pêche Illicite Non déclarée Non réglementée (Inn) qui inclut la fraude au tonnage des navires au Sénégal. Car, la pêche Illicite non déclarée et non réglementée (Inn) fait perdre au Sénégal plus de 500 milliards de francs Cfa dans les pays membres de la Commission sous régionale des pêches (Csrp). Les navires nationaux sont aujourd’hui, responsables de 30 à 40 % des infractions constatées dans la zone. De même que les navires étrangers industriels qui pratiquaient jusqu’ici cette forme de pêche prohibée. A côté de la destruction des écosystèmes, de la chute drastique des principaux stocks de ressources halieutiques de la sous-région, des pertes d’emplois massives liées à la faillite de plusieurs structures de pêche et par la désorganisation des métiers au niveau des communautés de pêche, l’impact financier pour les pays de l’Afrique de l’ouest est énorme.
Adama COULIBALY