L’or du Sénégal continuera d’être exporté. Cela, au grand dam des artisans locaux, notamment les bijoutiers parce que la volonté politique fait défaut. C’est ce qui est ressorti, en filigrane, avant-hier, d’une rencontre, destinée à annoncer le rachat d’une mine par la société aurifère Sabodala.
C’est la volonté politique qui redonnera des dents d’or aux bijoutiers sénégalais qui ne voient toujours pas l’or de leur pays. Selon. Abdoul Aziz Sy, Directeur général de la Sabodala Gold Operation (Sgo), il y a certes l’obstacle de la Tva que les bijoutiers sénégalais rejettent, mais, en plus, la volonté politique, très déterminante, fait défaut. «Avec les bijoutiers, le point est resté là où il était. La question fiscale n’est toujours pas résolue avec la Tva de 18 %. Nous ne pouvons pas prendre le risque de vendre sans Tva en tenant compte de la loi portant code des impôts. Il faut une décision politique. La balle n’est pas dans notre camp. En revanche, nous vendons à la Bceao», a, indiqué Abdoul Aziz Sy, Directeur général de la Sabodala Gold Operation (Sgo). C’était avant-hier, lors de l’annonce de la transaction, notamment le rachat de la mine de Massava.
L’accès à la production de l’or nationale est une préoccupation pour les artisans. Ils ont demandé une centaine de kilos dans la production nationale, ainsi que la mise en place de comptoirs. Mais les bijoutiers ne sont toujours pas satisfaits.
Revenant au rachat, la compagnie minière Teranga Gold Corporation, société mère de la filiale sénégalaise Sabodala Gold Operation, annonce être en transaction avec la société aurifère Barrick, exploratriser de la mine de Massava. Ce, pour le rachat définitif de la mine de cette dernière à un coût estimé à 224,2 milliards de francs Cfa. Les transactions se poursuivent au courant du premier semestre 2020. Son directeur était face à la presse pour revenir en détails sur les contours de cette opération de rachat qui reste, toutefois soumise, bien que les deux sociétés aient déjà pacté autour de l’accord de principe commercial. En effet, il y a approbation une fois que les titres miniers sont transférés. Le gouvernement ne peut intervenir dans le deal qu’en cas de motifs, jugés valables, puisque les sociétés minières aurifères contractantes ont, au moins, le droit de traiter en privé. Cela n’exclut pas l’Etat sauf s’il s’agit de revenir sur des aspects réglementaires, explique M. Sy, lors du face-à-face avec la presse.
Poursuivant Abdoul Aziz Sy est revenu sur les retombées de ce rachat. Il estime que Barrick, explorateur de Massawa, sera payé cash. Il aura 11 % de parts de capital dans la société aurifère, Teranga. Précédé de David Mimram qui a la plus grande part (21 %). D’après M. Sy, les premières transactions sont pour le semestre 2020, le second est consacré à l’extraction de l’or dans la mine de Massawa, mine qui, d’après Abdoul Aziz Sy, a une teneur plus forte que Sabodala. Pour lui, la fusion des deux mines permet d’avoir des productions élevées avec des gains substantiels dès 2020. Toujours d’après Abdoul Aziz Sy, l’Etat peut espérer avoir 330 milliards de francs Cfa dans ses caisses à travers cette fusion. Il assure, par ailleurs, que les questions environnementales sont prises en compte à travers la suppression de certains équipements qui peuvent polluer. 20 % de l’or de la mine devront avoir un traitement différent à cause de produits qui y sont associés. M. Sy parle d’éléments «réfractaires».
Concernant la viabilité du projet, l’exploitant assure que la fusion permettra d’aller au-delà des 11 et 13 ans de durée de vie de la mine de Sabodala, jusqu’à 17 ans. Cela, estime-t-il, permet de tripler la production aurifère et de placer le Sénégal dans le top des pays producteurs d’or en Afrique.
Interpelé sur les raisons d’une conférence de presse avant l’effectivité du rachat qui reste pendant devant l’Etat, M. Sy dit que c’est pour jouer la carte de la transparence de l’accord des deux sociétés cotées en bourse. Dans tous les cas, il faut s’assurer que c’est un rachat, fusion gagnant-gagnant, selon M. Sy. A espérer que cette fusion sera à l’avantage des artisans sénégalais.
Emile DASYLVA