L’Etat du Sénégal a failli dans sa politique de retrait des enfants de la rue. C’est le constat qui a été fait, hier, par les députés à l’Assemblée nationale. C’était en marge du vote du budget 2020 du ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’enfant.
Les politiques mises en place par l’Etat du Sénégal pour le retrait des enfants de la rue se sont soldées par un échec. Tel est le sombre diagnostic des députés qui estiment que les résultats escomptés n’ont pas été atteints. Ils ont suggéré la mise en place d’un vaste mouvement dirigé par le ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’enfant. Dans lequel les communautés de toutes obédiences confondues seront impliquées. Mieux, les parlementaires ont, en outre, plaidé pour l’encadrement du périmètre de déplacement des enfants. A ce niveau, ils ont demandé le retrait des talibés mendiants dans les rues de la capitale et des autres régions. «Le phénomène des enfants de la rue datent depuis des années au Sénégal. Et c’est un combat que tout le monde doit porter notamment les Associations sportives et culturelles dans les quartiers, les communautés etc. Nous devons parler de ces enfants de la rue, parce que ce problème dépasse le ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et la Protection de l’enfance. Il faut que chacun s’y mette. Jusqu’à quand nous continuons à épiloguer sur les enfants de la rue», a déclaré Mamadou Diop Decroix. C’est dans le cadre du vote du budget 2020 du ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’enfant.
Pour Diop Decroix, il ne sert à rien de venir voter une loi à l’Assemblée nationale, alors que l’application pose problème. La preuve, poursuit-il, il y a tellement de lois qui ont été votées dans ce pays et qui ont fini tous dans les tiroirs du gouvernement. Embouchant la même trompette, Marie Sow Ndiaye soutient que ce phénomène ne concerne pas seulement les autorités publiques, il interpelle toutes les communautés. «Nous interpellons les enfants en situation de rue, parce que nous ne les appelons même pas des enfants de la rue mais des enfants abandonnés dans la rue. Car, aucun enfant n’est conçu dans la rue, ils viennent tous dans des maisons. Donc, il n’y a pas un enfant de la rue. C’est des enfants qu’on doit prendre en compte, aujourd’hui. Il ne sert à rien de voter une loi, si elle est rangée après dans les terroirs des bureaux. Il ne faut pas que cette loi sur le retrait des enfants de la rue finisse comme celle votée en 2005 à l’Assemblée nationale qui n’avait pas été appliquée. La place de l’enfant n’est pas dans la rue mais dans les maisons», lance-t-elle.
Aïda Sow Diawara, pour sa part, invite le gouvernement à associer les Collectivités territoires sur les politiques de retrait des enfants de la rue. Pour Cheikh Bamba Dièye depuis 1972, date du vote de la loi portant sur le code de la famille jusqu’à présent, il n’y a aucune évaluation sérieuse sur ce domaine. Et à ce niveau, il est extrêmement important d’accentuer davantage sur la sensibilisation et la formation des maîtres coraniques si on sait que beaucoup des enfants qui traînent dans la rue viennent des daara. Le député leader du parti Fsbj a abordé également la maltraitance des enfants dans les daara avec l’affaire des talibés enchaînées récemment à Coki. Pour l’ancien maire de Saint-Louis si ces maîtres coraniques adoptent certaines stratégiques de correction sur les talibés, c’est parce qu’il y a eu des failles quelque part dans la sensibilisation sur l’évolution pédagogique moderne. De son avis, le ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’enfance devrait convier des séminaires de formation aux maîtres coraniques pour une meilleure harmonisation des méthodes d’apprentissage et éviter qu’ils fassent recours aux sévices corporels.
Samba BARRY