Alors que le pays vient de dépasser les 16,2 millions d’habitants, selon les chiffres du dernier recensement rendu public courant novembre, le manque d’emploi, en particulier chez les jeunes, continue d’inquiéter.
Selon les dernières données rendues publiques par l’organisme étatique habilitée, à savoir l’Agence nationale des statistiques et de la démographie (ANSD), “le niveau du chômage des personnes âgées de 15 ans et plus est évalué à 14,3%, au quatrième trimestre 2018”.
L’agence explique que “ce phénomène est légèrement plus marqué en milieu rural où 16% de la population active est au chômage, contre 12,5% en zone urbaine. Selon le sexe, le chômage affecte davantage les femmes (24,1%) que les hommes (6,2%)”.
Evidemment, un pays qui aspire à l’émergence économiqu et qui traîne un taux de chômage proche de 15% doit se poser beaucoup de questions.
Au Maroc par exemple, ce taux est inférieur à 11%.
De plus, selon la Banque africaine de développement, c’est l’emploi précaire, notamment des saisonniers, des aides familiales, des apprentis, des conduteurs de motos-taxis, des vendeurs à la sauvette, quipré domine. Et le Sénégal n’est cmalheureusement pas seul dans son cas.
“La part cumulée des emplois vulnérables et des chômeurs dans la population active a atteint un pic d’environ 90 % au Bénin et au Niger en 2016. Elle a varié entre 70 et 90% en Côte d’Ivoire, en Gambie, au Ghana, au Mali, au Sénégal et au Togo”, affirmait l’institution panafricaine dans un rapport datant de mars 2018.
Au Sénégal, beaucoup de jeunes se rabattent sur les motos-taxis, soit en tant qu’auto-employeurs ou employés moyennant un maigre salaire. Cette situation ne leur assure qu’un avenir précaire.
Par ailleurs, au-delà du taux de chômage, il y a lieu de noter que seuls 62,5% des personnes en âge de travailler (15-65 ans) ont réellement une occupation. Ce qui signifie que plus d’une personne sur trois, parmi celles qui sont censées contribuer à la production de richesse, sont à la charge d’un travailleur.
Enfin, le niveau des salaires est aussi une grande préoccupation. Depuis quelque temps, l’ANSD ne donne plus des éléments chiffrés sur l’évolution des revenus. Mais, les dernières données officielles, qu’elle avait publiées, concernant le 4e trimestre 2017 faisaient état d’un salaire moyen de 96.206 Fcfa/mois, soit l’équivalent de 145 euros. Pire encore, 30,4% des salariés ne percevaient pas un revenu mensuel de plus de 37.000 Fcfa, alors que seuls 14,4% gagnaient 185.000 Fcfa et plus, soit 278 euros.
Enfin, le chômage touche davantage les jeunes diplômés, notamment ceux ayant passé quelques années à l’université. 27% des bac+2 n’ont toujours pas décroché d’emploi, sans comptér les nombreux parmi eux qui sont en “stage” de pré-embauche depuis plus de 6 mois.
C’est sans doute cette situation qui pousse les jeunes à tenter l’immigration. Mercredi, 4 décembre, une barque en partance de la Gambie vers l’Espagne s’est échouée au large de la Mauritanie. Bilan : 62 morts dont 13 Sénégalais. L’hémorragie n’est malheureusement pas près de s’arrêter.
Le360Afrique