CONTRIBUTION
Ces derniers jours, notre pays vit à un rythme infernal, une montée dangereuse en puissance, de la tension tant au niveau sociétal, politique que social.
C’est ainsi, que la très grave crise sociétale née d’une violence inqualifiable sur un enfant « tabilé » par son maître coranique, a été gérée de façon républicaine en assurant que le droit soit dit tout en veillant à préserver la paix sociale.
Cette attitude du pouvoir judiciaire a été hautement saluée tout en réconfortant les citoyens quant à sa capacité de gérer de façon équilibrée une crise sociétale d’une telle ampleur.
Mais à peine sortie de cette épreuve, notre pays a connu une provocation sans précédent qui a mis à nu les failles de la gestion de notre sécurité, y compris celle de la Présidence de la République, par un activiste qui n’est pas à sa première forfaiture.
En effet, ayant toujours habitué les Sénégalais à toujours faire ce qui est légalement interdit, tout le monde est ébahi de voir Guy Marius Sagna réussir son pari publiquement annoncé à l’avance, d’aller « marcher devant les grilles du Palais » !
Son arrestation qui a coulé de source, a permis à des « droits de l’hommiste » et à des professeurs d’Université, de verser dans l’amalgame en dénonçant une « atteinte grave au droit de marche », tout en sachant que ce « droit » ne s’exerce légalement, que dans le cadre d’un itinéraire préalablement défini en accord avec l’Autorité administrative qui veille à la sécurité des populations.
Ils savent donc que dans tous les pays démocratiques, le « droit de marche » n’est pas un « droit » que l’on peut exercer partout à sa convenance, mais bien selon des règles établies dans chaque pays.
C’est ainsi que la marche de Guy Marius Sagna a été bel et bien autorisée selon un itinéraire habituellement utilisé, mais qu’il a publiquement rejeté.
Donc en allant « marcher » là où il n’était pas autorisé, dans une zone décrétée de « haute sécurité », il a cherché délibérément à se faire arrêter à des fins inavouées, tout en donnant l’occasion à des organisations et des personnalités à tenter de provoquer des mouvements de révolte sous prétexte de défense de la Démocratie qui serait bafouée à cette occasion.
Surtout quand des Professeurs d’Université clament que la place de leur collègue n’est pas la « prison », ils oublient volontairement de dire qu’elle n’est non plus devant les « grilles de la Présidence de la République » !
C’est cette malhonnêteté intellectuelle qui gangrène malheureusement nos milieux universitaires d’aujourd’hui !
Surtout que cette situation délibérément provoquée se produit sous prétexte de lutte contre la hausse de 10% des tarifs de l’électricité, qui pourtant n’impactent significativement que 20% des ménages gros consommateurs, tout en épargnant 54% des clients à faible consommation.
Ne pouvant pas mobiliser l’opinion pour défendre les intérêts de ces 20% de ménages gros consommateurs, ils se sont mis à spéculer sur l’incidence qu’aurait sur le pouvoir d’achat, de la hausse de 6% que vont connaître les entreprises qui sont consommatrices de la moyenne et haute tension.
Pourtant, ces Professeurs ne peuvent pas ignorer que dans pareille circonstance, les syndicats du secteur privé ont toujours exigé l’ouverture de négociation pour une hausse des salaires ; ce qui devrait être encore le cas, compte tenu du fait qu’ils sont déjà en négociation avec le patronat à cet effet.
Cette crainte de hausse des prix devrait donc accélérer ces négociations pour qu’elles aboutissent le plus rapidement possible à la satisfaction des syndicats, avant que des mal- intentionnés comme Guy Marius Sagna et ses souteneurs, n’en profitent dans leur entreprise de déstabilisation du pays.
Mais comme un malheur n’arrive toujours pas seul, voilà que des gens, tapis au sein du pouvoir, sont parvenus à diaboliser la lutte des syndicats de l’ex SDE pour augmenter leur participation de le Capital de la nouvelle Société de gestion de l’eau urbaine, en divisant les travailleurs du secteur pour y cultiver des réflexes corporatistes qui discréditent cette lutte.
Cette lutte, par le biais d’une grève de ces travailleurs est tellement légitime et si bien fondée, qu’elle n’a pas été interdite par ce qu’elle serait illégale, mais par le biais d’une réquisition de tout le personnel, qui entrave de fait, « le droit de grève » que pourtant la Constitution et le Code du Travail leur reconnaissent.
Ils ont été accusés pour cela de « sabotage » qu’ils ont toujours réfuté, et qui n’a jamais été établi par les services de renseignement qui veillent dès le début de cette crise, sur la sécurité des installations de cette entreprise.
Mieux, les syndicats ont toujours clamé publiquement par des conférences de presse spécialement convoquées à cet effet, qu’il n’est nullement question, dans leur lutte, d’une quelconque rupture du service public de l’eau.
Mais les pannes intervenues ayant contribué à une perturbation de la distribution de l’eau dans certains quartiers de Dakar, ont été vite exploitées pour les accuser, afin de discréditer leur lutte et amener le Président de la République à signer ce Décret de réquisition, dont l’ampleur lui donne un caractère « d’abus de pouvoir ».
Ainsi, ont eu gain de cause, ceux qui dans l’appareil d’Etat, sont contre les acquis historiques du mouvement syndical Sénégalais, de participer dans le capital des sociétés para publiques comme la SONATEL et l’ex SDE, abusivement considérées comme des entreprises privées.
Ils tentent de ramener ces travailleurs à leur situation moyenâgeuse, où leur place dans l’entreprise n’était que pour « gagner leur salaire ».
Cette situation est historiquement dépassée lorsque des travailleurs de grandes entreprises ont eu le droit de créer des « Fonds Communs de Placement » où ils placent leur épargne leur permettant ainsi d’acquérir une part du capital dans leurs entreprises.
C’est ce que les travailleurs de la SONATEL et de l’ex SDE sont parvenus à faire, et cela dérange grandement les partisans de l’idéologie libérale qui nie aux travailleurs toute participation au Capital des entreprises.
Pourtant, grâce à cette participation, les travailleurs de la SONATEL ont pu mobiliser à temps, l’opinion pour contrer la volonté du Président Wade de céder à « Orange » une partie de la part du capital qu’y détient l’Etat, pour qu’elle arrive à en posséder plus de 50% !
Aujourd’hui, leur part est passée de 5% à 9% de capital de la SONATEL grâce à leur épargne collective logée dans un « Fonds Commun de Placement ».
Leurs actions de veille au sein du Conseil d’Administration a permis de faire bénéficier les entreprises privées nationales à plus de 250 milliards par an, dans les marchés de l’entreprise, et de faire respecter la « responsabilité sociétale » de celle à travers la création de la « Fondation SONATEL »
C’est dans ce sens que les travailleurs de l’ex SDE se sont inscrits en voulant user de leur « Ponds Commun de Placement » pour augmenter leur part dans l’ex SDE qui est de 5%, à 15% dans la nouvelle Société à créer, tout en restant ouvert à des négociations qu’ils ont demandé depuis plus de deux ans !
C’est donc au moment où l’Etat est d’accord pour porter leur part de 5% à 7% que des gens malfaisants sont parvenus à les mettre à dos le Président de la République, donnant ainsi l’occasion à nos « droits de l’hommiste » pour se mobiliser pour défendre le « droit de grève » !
Mais ils risquent de déchanter, si l’on tient en compte la sérénité et la lucidité avec laquelles les travailleurs de l’ex SDE ont toujours géré leur lutte, pour ne pas tomber dans la provocation de leurs adversaires dans l’appareil d’Etat.
En effet, tout en condamnant vivement cette réquisition qui est une atteinte grave au « droit de grève », ils devraient s’y conformer tout en l’attaquant comme « abus de pouvoir » devant la Cours Suprême.
Ils ne vont certainement pas tomber dans le jeu de ceux qui cherchent coûte que coûte à déstabiliser le pays, en refusant de se conformer à cette réquisition, au risque de sanctions qu’ils devront, tôt ou tard, porter devant la justice.
Donc, la sagesse recommande qu’à « deux maux, choisir le moindre ».
Le Sénégal traverse ainsi des moments graves qu’il ne pourra surmonter dans la paix sociale et civile, que par un sursaut patriotique au sein du pouvoir, des organisations syndicales, des organisations patronales, et de la société civile.
C’est à cela que j’appelle de toutes mes forces.
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL