Les enseignants affiliés au Sudes ont observé hier une grève générale dans toutes les universités publiques du Sénégal. En conférence de presse, son secrétaire national a déclaré que ce mouvement d’humeur est motivé par le manque de volonté des autorités à trouver des solutions aux nombreuses difficultés que rencontrent les établissements publics du supérieur.
Les enseignants du supérieur affiliés au Syndicat unitaire et démocratique du Sénégal (Sudes/Section Enseignement supérieur et de la Recherche) sont très remontés contre les autorités qui, disent-ils, font preuve de manque de volonté pour résoudre les difficultés que rencontrent les universités sénégalaises. En conférence de presse, hier, leur secrétaire général national, Oumar Dia, a affirmé que, deux mois après le dépôt de leur préavis de grève, le gouvernement «persiste dans sa logique sans issue de pilotage à vue de notre système d’enseignement post-secondaire, supérieur et de recherche». «Saisi par le Sudes/Esr afin de l’amener à prendre la pleine mesure des grandes urgences du moment (déficit d’infrastructures, de personnels, de budgets, etc.) et à s’y pencher sérieusement pour éviter à l’université sénégalaise un effondrement soudain et catastrophique pour notre pays, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri), muni de recettes totalement désuètes, semble penser qu’on peut encore continuer de recourir à des mesures insignifiantes comme la création d’une poignée de postes d’enseignants, la construction de quelques salles de cours, de bureaux et une hausse légère des budgets des universités loin de correspondre à l’évolution réelle des effectifs d’étudiants pour maintenir notre système d’enseignement post-secondaire, supérieur et de recherche en vie», déplore le Sg national du Sudes/Esr. Qui dit que ses collègues et lui ont alerté depuis plus d’une décennie sur l’urgence de prendre des mesures. Aussi, son syndicat «s’oppose catégoriquement à une reconduction de trop des mêmes recettes du gouvernement. Par cette position, notre syndicat ne cherche pas à aggraver des difficultés déjà réelles mais à refuser tout simplement de se rendre complice d’un probable projet de tricherie du ministère et de la Direction générale de l’Enseignement supérieur (Dges)». Poursuivant son argumentaire, le responsable du Sudes affirme que la situation actuelle, caractérisée par un déficit criard d’infrastructures universitaires et de personnels enseignants, n’a rien de surprenant. Parce que tout simplement, le gouvernement n’a pas mis de volonté comme il l’a fait pour la construction du Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad), de l’Arène de lutte de Pikine et de l’Arena stadium de Diamniadio.
Le Sudes qui reconnait l’échec de l’Etat à rendre effective la carte universitaire qu’il avait lui-même planifiée en 2013 à l’occasion du Conseil présidentiel sur l’Avenir de l’Enseignement supérieur, affirme que le gouvernement doit, tout en reconnaissant sa responsabilité totale dans la situation actuelle, prendre des mesures d’accompagnement extrêmement fortes et urgentes. D’après les syndicalistes, les autorités doivent identifier sans délai toutes les infrastructures du gouvernement pouvant accueillir des enseignements comme les bâtiments de l’Université du futur africain (Ufa) de Sébikotane et les mettre immédiatement à la disposition des universités et des Isep du pays. Aussi, elles doivent créer et répartir entre les universités et les Isep au moins 500 nouveaux postes d’enseignants pour l’année 2019 et 2020. Dans la répartition de ces postes à créer, il faudra prioriser les universités et les établissements aux ratios catastrophiques (Flsh et Faseg de l’Ucad, Ufr de santé de l’Uasz, etc.) Oumar Dia et ses camarades soulignent aussi que l’Etat doit accorder un traitement mensuel aux Personnels enseignants et de recherche (Per) non permanents (vacataires) en lieu et place du paiement horaire actuel de 5 000f.
Mamadou GACKO