Même étant un mode de passation de marchés publics, le gré à gré est un danger. «C’est la corruption. C’est surtout une perte énorme pour l’Etat. Ce sont des milliards de francs Cfa du contribuable qui passent à côté…». Tel est le sombre constat établi par des universitaires et chercheurs, hier, au cours d’une conférence à l’Ifaa autour du thème : «La gestion des marchés publics et sa répercussion sociale et environnementale dans les pays en voie de développement». Sous ce rapport, les manquements liés à la passation des marchés publics ont été passés au crible.
Ibrahima Eloi Sarr, président du Cacsup Sénégal et coordonnateur du collectif africain pour la paix, qui a fait un état des lieux, trouve que les marchés publics constituent un enjeu national. D’ailleurs, 30 % du budget national sont dédiés à cette commande publique. Mais, ces marchés causent beaucoup de problèmes dans leur exécution avec une grande partie de marché qui est attribuée sans appels d’offres ou à travers des offres spontanées.
Pour le président du Cacsup, «le gré à gré existe et nous devons lutter contre ce phénomène qui constitue un mal dans le pays». Ajoutant au passage qu’il y a toujours des offres qui ne respectent pas les normes. «Nous devons tout faire pour l’application des textes parce que le Sénégal dispose d’un outil qui s’appelle l’Agence des régulation des marchés publics (Armp) qui est une référence au niveau mondial. Le problème qui se pose, aujourd’hui, c’est l’application. Il faut faire l’essentiel pour faire appliquer les lois qui ont été régies par l’Armp. Dans certains pays, la société civile joue un rôle important dans les passations des marchés. Ils peuvent contester l’attribution d’un marché», explique M. Sarr. Non sans estimer que le collectif africain pour la paix, au vue de tout ce qui se passe dans le pays, a jugé nécessaire de descendre à la base pour sensibiliser, montrer et susciter des vocations pour les jeunes apprenants. Pour Ibrahima Eloi Sarr, «partager avec les jeunes sur l’enjeu et les dangers du gré à gré participe à la bonne gouvernance du pays».
Quant au Pr Laurence Folliot Lalliot de l’université Paris Nanterre en France et formateur à l’Armp, il pense que la législation sénégalaise en matière de marchés publics est de pointe par rapport aux autres pays africains D’après lui, «Il y a des techniques et des règles à respecter en matière de transparence et d’organisation des appels d’offres. Il y a des règles à respecter dans l’attribution de marché de gré à gré. Il y a des règles à mettre en place contre la corruption».
Magib GAYE