Face aux réactions des consommateurs sur la hausse du prix de l’électricité, le Directeur général de la Senelec, Papa Mademba Bitèye a fait face à la presse, hier. Ce, pour donner les raisons de la hausse des tarifs tout en précisant que cette augmentation ne concerne pas les ménages à faibles revenus.
Le débat sur la hausse du prix de l’électricité fait rage. Après la sortie des consommateurs et certains syndicalistes pour exprimer leur opposition sur cette mesure annoncée par la Senelec, le Directeur général de ladite boite, Papa Mademba Bitèye a fait face à la presse, hier, pour apporter des explications. «J’ai invité la presse pour informer les Sénégalais de la décision prise par la Commission de régulation du secteur de l’électricité de réviser les tarifs applicables aux consommateurs. J’ai décidé moi-même de vous parler dans un langage de vérité. Cette situation n’est pas inédite et ni nouvelle, car, nous l’avions connu dans le passé avec un contexte mondial qui exigeait une révision pareille sur le coût de l’électricité. Donc, cette précision me semble importante. Le gouvernement s’est toujours opposé à une augmentation du prix de l’électricité supportant ainsi toutes les conséquences sur le plan micro et macro-économique», précise d’emblée le successeur de Makhtar Cissé.
Pour ce dernier, la subvention de l’électricité a coûté 378 milliards de francs Cfa à l’Etat du Sénégal. Et aujourd’hui, le réajustement des tarifs est inévitable. Toutefois, précise-t-il, «elle n’est pas généralisée, car, les consommations domestiques ne sont pas directement concernées. Cette hausse s’impose à tous les pays producteurs de pétrole et de gaz et non producteurs». Donc, le Sénégal, poursuit-il, «qui est dans le même environnement économique ne pouvait plus continuer à éviter l’évidence dans la vérité des prix. Parce que le réajustement s’impose à tous. Même si l’Etat a choisi de faire des aménagements pour certaines populations pour des raisons sociales.»
C’est pourquoi dit-il, la Commission de régulation du secteur de l’électricité conformément aux dispositions de la loi 98-29 du 14 octobre 1998 en son article 28 a approuvé par décision la nouvelle grille du tarif de l’électricité applicable à la clientèle de Senelec. Ces tarifs seront appliqués sur les consommations d’électricité à partir du 1er décembre 2019. Par conséquent l’application de ces nouveaux tarifs ne concernera que les factures à payer en janvier 2020 pour les clients facturés mensuellement et en février 2020 pour les clients qui sont facturés par bimestre dont certains sont des clients domestiques. Mieux elle impactera ces derniers estimés à 1 million 131 mille 053 à la fin 2018 comme suit : Les ménages à faibles revenus qui représentent 54 % de cette clientèle ne connaitront pas de hausse c’est-à-dire 611 203 ménages et 300 mille clients domestiques auront une hausse de 2,7 %.
«Quand on cumule les deux rubriques, nous avons 80 % de cette clientèle qui ont une hausse maximum de 3 %. Les autres ménages connaitront une hausse entre 7 et 10 % après la baisse de 10 % en 2017. Les clients moyens tension et haute tension appelés les clients industriels connaitront une hausse de 6 % après la baisse de 4 % de 2017 soit une hausse de 2 % sur la période», renseigne-t-il.
Selon lui, la Senelec a besoin de disposer de ressources financières qui lui permettent de réaliser les objectifs de performance qui lui sont fixés par l’Etat dans son contrat de performance. Les moyens financiers pour la réalisation de cette performance sont répartis comme suit : 70 à 80 % pour les achats de combustibles, 20 % pour les investissements dans la production et le réseau et 10 % pour les autres charges de gestion comme les salaires.
Toutefois Papa Mademba Bitèye rappelle que le réajustement tarifaire n’augmente pas le revenu de Senelec mais peut faire bouger la répartition entre les revenus tirés des ventes de l’électricité et la compensation versée par Senelec. Ainsi pour le trimestre commençant le 1er Avril 2019, le manque à gagner par Senelec est de 12 milliards francs Cfa correspondant à une hausse de 26,3 %.
Il soutient que le gouvernement a accepté de prendre en charge les 20 % de la hausse ne répercutant que les 6 % en moins à sa clientèle. Et ces 6 % constituent une contribution de 2 milliards de F Cfa de la clientèle sur les 12 milliards de francs Cfa attendus. Et l’Etat va encore verser à Senelec les 10 milliards de francs Cfa de reliquat. Ainsi pendant ces trois années, le gouvernement a supporté 316 milliards de francs Cfa afin d’éviter une augmentation des tarifs pour les consommateurs.
Samba BARRY