L’Alliance nationale des communautés pour la santé (Ancs) a tenu, ce week-end, à Dakar son assemblée générale ordinaire. Un moment choisi par Dr Safiétou Thiam, directeur du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls) pour tirer la sonnette d’alarme sur la montée en puissance de l’infection du Vih/Sida chez les enfants et les jeunes au Sénégal.
32 % des nouvelles infections concernent des jeunes de 15 à 24 ans. Cela veut dire, indique Dr Safiétou THIAM, qu’il y a une génération malheureusement que le pays a raté. Parce qu’il y a un moment où les autorités en charge de la santé se sont focalisées sur les dépistages et traitement en oubliant les traitements de base. Et pourtant le Sénégal était bien parti sur la prévention. Elle révèle que les jeunes sont, aujourd’hui, exposés. Les nouvelles infections sont chez les enfants de 0 à 24 ans. Et de son avis, c’est alarmant. «Depuis que j’ai eu ces informations, je me suis dit qu’il faut qu’on s’arrête et on revoit nos stratégies et notre façon de faire. Avec les stratégies classiques, nous avons atteint le plafond de verre. Si on amène les services et que les populations ne viennent pas, on n’est pas efficace», se confesse-t-elle.
Chef de la Division de lutte contre le Sida, Pr Cheikh Tidiane Ndour soutient que le Sénégal à l’instar d’autres pays s’est engagé à atteindre les trois 90 d’ici 2020. Pr Ndour rappelle aussi que le bilan de ces trois 90 se fera dans notre pays, à Dakar, lors de la conférence sur le Vih en 2020. Raison de plus, notre pays ne doit pas rater ce rendez-vous.
Selon lui, trois quart des Sénégalais infectés sur dix ignorent encore leur statut et pourtant ce premier 90 est le plus important parce qu’elle est la porte d’entrée aux soins. Si on évalue également la population générale, c’est 3 personnes infectées sur 10 qui ignorent leur statut et chez les enfants c’est 7 personnes sur 10. Et pourtant ce ne sont pas des populations cachées parce que les communautés savent où vivent ces enfants. Parce qu’ils sont dans les familles infectées par le Vih/ Sida. «Selon les chiffres, les régions du sud sont les plus touchées par le Vih/Sida. Et c’est dans ces parties du pays qu’il faudra axer les interventions. Il faut aussi déterminer les populations les plus touchées par rapport à d’autres», conseille Abdoulaye Aziz Anne, membre du bureau du Conseil d’administration de l’Ancs.
Selon les données de l’Onusida en Afrique de l’Ouest et du Centre plus de 6 millions de personnes vivent avec le VIH et deux tiers sont des femmes. En 2018, grâce aux communautés 23 millions de personnes ont eu accès au traitement. Sur la cascade des trois 90 en matière de dépistage, 6 personnes vivant avec le VIH sur 10 dans la région connaissent leur statut sérologique. Et 64 % des nouvelles infections ce sont les populations clés et leurs partenaires. Mais comparer à d’autres, notre région est très en retard, à cause de l’inaccessibilité du traitement.
Samba BARRY