Guillaume Soro, ancien chef rebelle, et Charles Blé Goudé, ex-chef des Jeunes Patriotes, se sont rencontrés à La Haye. Les deux frères ennemis et leaders estudiantins ont en ligne de mire les présidentielles ivoiriennes de 2020, pour lesquelles ils entendent barrer la route au clan Ouattara.
Alors que se déroule en ce moment devant la Cour Pénale Internationale (CPI) le procès de Laurent Gbagbo, cette rencontre de réconciliation à La Haye entre les deux ex-frères ennemis, près de dix ans après la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011, qui a fait des milliers de morts, intervient dans un contexte marqué par les préparatifs des élections présidentielles de 2020.
C’est donc dans la capitale des Pays-Bas, que Guillaume Soro, ancien chef rebelle et ex-président du Parlement ivoirien, et Charles Blé Goudé, ancien chef des Jeunes Patriotes qui soutenaient l’ex-président Laurent Gbagbo, paraissent vouloir faire la paix.
Tous deux, anciens dirigeants de la puissante Fédération estudiantine et scolaire de la Côte d’Ivoire (Fesci), s’étaient pourtant violemment affrontés lors de la crise politique ivoirienne ayant opposé l’actuel président, Alassane Ouattara, à l’ancien président Laurent Gbagbo.
Il faut dire que pour les élections à venir, la carte politique ivoirienne est en pleine reconfiguration. En effet, après avoir soutenu militairement et politiquement Alassane Ouattara, Guillaume Soro a rompu ses relations avec l’actuel président dont il fut pourtant le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale. Il faut dire que Guillaume Soro vise désormais le fauteuil présidentiel en 2020.
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Pour ce faire, l’homme, véritable caméléon en politique, multiplie les initiatives envers le clan opposé au président Ouattara, notamment le PDCI de Henri Conan Bédié, et surtout ses ex-ennemis du Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo, ainsi que tout particulièrement son alter égo, Charles Blé Goudé qu’il vient de retrouver à La Haye, et qui est l’un des plus fervents partisans de l’ancien président. Et pour cause: cet ex-chef des Jeunes Patriotes est toujours célèbres auprès des jeunes Ivoiriens, ce qui arrange bien les affaires de Guillaume Soro.
Cette rencontre, «placée sous le signe de la recherche de la paix (…) entre deux camarades de lutte de longue date», selon un communiqué des deux parties, montre que les jeunes loups souhaitent désormais déloger ces «anciens» que sont Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Conan Bédié. Des vétérans de la politique ivoirienne, qui s’accrochent encore au pouvoir.
Les deux anciens de la Fesci ont eu, selon ce même communiqué, «de longs et fructueux échanges empreints de vérité sur la situation socio-politique nationale».
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Ils ont «exhorté le régime d’Abidjan» à organiser des «assises politiques nationales inclusives», selon les termes de leur communiqué commun, pour «vider tout le passif de la récente crise qui a endeuillé la Côte d’Ivoire».
Dans leur mea culpa, les deux anciens leaders «ont exprimé leur compassion et leur solidarité au peuple de Côte d’Ivoire pour les traumatismes et els nombreux préjudices subis au cours de la crise» et ont réaffirmé «a nécessité de privilégier la voie du dialogue, de la négociation et de la concertation dans la résolution des conflits».
Une chose est sûre, pour ces élections présidentielles de 2020, il faudra compter sur ces jeunes loups, surtout s’ils décident d’enterrer définitivement la hache de guerre, pour sceller une véritable alliance.
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A ce titre, Guillaume Soro, à la tête d’un nouveau parti, le Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (RACI), a déjà annoncé en octobre dernier sa candidature aux présidentielles de 2020, après avoir rompu toute relation avec le président ivoirien, Alassane Ouattara.
Depuis un mois, il multiplie les initiatives envers les adversaires qui ont été les siens lors de la crise politique ivoirienne. En plus de son rapprochement avec Henri Conan Bédié du PDCI, il a également multiplié les gestes d’apaisement envers le clan de Laurent Gbagbo, afin de ratisser large.
Alors que Charles Blé Goudé, président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), a peu de chance de pouvoir se présenter aux présidentielles de l’an prochain, du fait qu’il est poursuivi en Côte d’Ivoire pour «actes de tortures, homicides volontaires, viols, etc.», l’homme, qui attend en liberté conditionnelle aux Pays-Bas l’examen de l’appel de son jugement par la Cour pénale internationale (CPI), est très aimé par de nombreux jeunes Ivoiriens du clan de Laurent Gbagbo.
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Le soutien que Charles Blé Goudé pourrait apporter à un candidat pourrait donc peser lourd dans la balance d’une élection encore marquée par de nombreuses incertitudes, aussi bien sur la candidature ou non du président actuel, Alassane Ouattara, que sur la nature des alliances qui seront nouées entre les grands partis politiques du pays (RHDP, PDCI et FPI).
Il faudra aussi compter avec de nombreux petits partis, dont ceux de ces deux anciens leaders estudiantins. Une telle initiative dépendra aussi, et certainement, du sort qui sera dévolu par la CPI à Laurent Gbagbo, actuellement en liberté provisoire.
Le360afrique