Les élus du peuple seront bientôt amenés à examiner la loi portant sur la lutte contre l’insalubrité et l’encombrement. Cette loi sera certainement votée et promulguée. Mais si l’on n’y prend pas garde, elle risque de tomber à l’eau comme celles portant sur le loyer, l’interdiction des sachets plastiques…
Encore une loi du Président Macky Sall qui risque de finir dans les tiroirs. Il a déposé sur la table du président de l’Assemblée nationale un projet de loi portant sur la lutte contre l’insalubrité et l’encombrement. Lequel sera bientôt adopté très prochainement. A cet effet, une Brigade spéciale de lutte contre l’insalubrité et l’encombrement (BRISE) va être créée. Des amendes considérables et des peines de prison sont aussi prévues par le texte. Avec cette loi, il est prévu le renforcement du dispositif coercitif contre l’insalubrité et l’encombrement de la voie publique, la possibilité pour les pouvoirs publics de contractualiser avec les structures compétentes pour l’enlèvement des épaves, véhicules et autres objets encombrant la voie publique ou abandonnés dans les fourrières et l’institution d’un juge des référés dédié à l’examen des infractions relatives à l’insalubrité et à l’encombrement de la voie publique.
Vu la sociologie du Sénégalais et sa manière de se comporter sur la voie publique, cette nouvelle loi risque de tomber à l’eau comme celles portant sur l’interdiction des sachets plastiques, sur l’interdiction de fumer dans les espaces publiques, sur le loyer… La loi interdisant l’utilisation des sachets plastiques a été votée et promulguée. Malgré cela, les déchets plastiques continuent d’envahir nos villes et villages. Les chiffres avancés par les services du ministère de l’Environnement font froid dans le dos : cinq millions de sachets plastiques abandonnés dans la nature. Si pour d’aucuns, ce chiffre peut paraître exagéré, il n’en demeure pas moins qu’il a le mérite de traduire une réalité difficilement contestable : celle de l’envahissement de nos villes et villages par les sachets plastiques. D’où la menace d’alors du ministre de l’Environnement et du Développement durable pour combattre le péril plastique, Abdou Karim Sall a signalé que sous peu la loi portant interdiction des sachets en plastique sera appliquée dans toute sa rigueur avec des répressions. Ce, pour faire du Sénégal, «un pays zéro déchet». On continue à attendre l’application de la loi dans toute sa rigueur.
S’agissant de la loi antitabac, le décret d’application a été signé par le président de la République, depuis le 26 juillet 2016. Mais depuis lors, il n’y a pas encore d’arrêtés ministériels portant sur l’interdiction formelle du tabac, dans les espaces publics. Une situation dénoncée par la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab) et des organisations de la Société civile. Dans leurs différentes sorties, ils ont eu à tirer la sonnette d’alarme. Mais rien n’y fait. La loi portant interdiction formelle du tabac dans les espaces publics n’est pas encore de rigueur. Il en est de même pour la loi portant sur le loyer. Mal élaborée et votée à la va-vite par les élus du peuple pour résorber la lancinante question de la cherté du loyer, la loi portant sur le loyer a fait plus de victimes qu’elle en a résolu. Non seulement, le loyer est devenu beaucoup plus cher par une spéculation qui ne dit pas son nom, mais le produit à louer (appartements, studio…) est devenu introuvable. Les chiffres avancés par les responsables de la plateforme Mamaison.sn sont effarants. Selon ceux-ci, l’indice locatif de Dakar fait état de 300 mille chercheurs de logements tous les mois.
Magib GAYE