Le forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique est devenu une tribune de démonstration de force des hommes politiques du Sénégal, en particulier les ministres des Affaires étrangères et leurs proches collaborateurs.
Comme son prédécesseur Sidiki Kaba, Amadou Ba n’a pas dérogé à la règle. Il a tout simplement invité ses militants à la place des chercheurs, spécialistes et organismes internationaux. Alors que le forum est placé sous le thème des «défis actuels du multilatéralisme». Des invités de marque n’ont pas pu trouver de places. «C’est du n’importe quoi», se désole amèrement un invité resté debout derrière la rangée réservée à la presse nationale et internationale. Déçu, il rebrousse chemin pour se retrouver devant l’esplanade afin de suivre la cérémonie sur un écran géant installé dehors.
Il est à peu près neuf heures passées de quelques minutes dans la salle officielle du centre de conférence Abdou Diouf de Diamniadio. On annonce l’arrivée du président de la République et ses invités, mais la salle n’est pas encore prête. Il faut encore quelques réglages, pas d’ordre technique, mais plutôt évacuer toutes les personnes n’ayant pas de places. Le maitre de cérémonie, le journaliste Assane Diop fait une annonce sur instruction des organisateurs. «Le président de la République est dans le centre. Il y a beaucoup de monde dans la salle. Les personnes qui ne parviennent pas à trouver une place, sont invitées à sortir. C’est un signe de succès. Il y a plus de personnes que prévu dans la salle», lance-t-il en vain. Avant d’ajouter : «L’entrée du Président était prévue dans 10 minutes».
La directive du journaliste n’a pas été suivie par ces militants venus des coins et recoins de Dakar. Selon eux, leur présence est un souhait du ministre des Affaires étrangères, Amadou Ba, qui est, de remplir la salle. «Je suis militante d’Amadou Ba. C’est un homme bien et intègre. Nous devons montrer au président de la République qu’il draine une foule», laisse entendre, Marie Ndiaye qui garde minutieusement son carton d’invitation. Elle est restée debout puisqu’elle a trouvé toutes les places occupées. La seule alternative qui lui reste pour ne pas sortir, c’est de s’arranger avec les journalistes. À ses côtés, un autre militant se démasque. «Je viens des Parcelles Assainies. Je ne sais pas où s’assoir», s’identifie-t-il.
Salif KA