La pauvreté endémique dans la région de Matam est de la responsabilité des ministres, directeurs généraux et autres députés de la localité. C’est du moins l’avis des populations qui crient leur colère en déplorant le manque de réaction de leurs responsables politiques.
(Correspondance) – Matam est une bourgade implantée le long du fleuve Sénégal. Cette dernière-née des régions du Sénégal qui n’est aujourd’hui une zone agricole par excellence que de nom, reste tout de même une localité à forte vocation commerciale. Pour la région de Matam, sa ville continue toujours de ressembler à un gros village du Fouta. Dans cette région, faute de projets porteurs d’emplois, les jeunes sont dans le désœuvrement total. «Ici, les seules préoccupations que les jeunes ont dans leurs quartiers, c’est de s’adonner à la séance quotidienne du thé du matin au soir», regrette Chérif Niang habitant de la ville. «Rien ne marche ici, nous sommes laissés à nous-mêmes. Pire, nous n’avons aucun espoir pour notre avenir, car nous ne voyons nulle part de projets d’envergure et autres usines implantés chez nous pour lutter contre le taux élevé de chômage», ajoute-t-il. Ce responsable de l’Association pour le développement de Matam en veut aux responsables politiques. Pour lui, l’émergence de la région de Matam est le cadet des soucis des cadres de leur région qui ne viennent dans le terroir que pour des décès ou des cas de sinistres. Pour Moussa Thiam et ses camarades, s’il y a une région dans ce pays qui détient le plus de députés, de directeurs généraux, de ministres c’est bien celle de Matam. «Mais malheureusement, ils sont tous de grands opportunistes. Ils ne servent à rien aux populations de la zone. Au contraire, ils ne sont là que pour leurs propres intérêts. Ce qui fait le plus mal c’est de surtout voir des politiciens se promener avec des mallettes d’argent qui ne servent qu’à corrompre leurs clientèles politiques», précise un responsable des jeunes de Tantadji et de Soubalo.
Certains jeunes, ulcérés, exigent l’ouverture d’enquêtes contre ces politiciens qui se promènent avec des mallettes d’argent en période électorale. «Comment quelqu’un qui est un simple fonctionnaire peut-il se permettre de rouler avec des véhicules 4X4, posséder des immeubles partout et distribuer de l’argent à tour de bras ?» se demandent ces jeunes de la région. «C’est vraiment regrettable d’avoir autant de hauts cadres dans notre région et que nous soyons les derniers en termes d’émergence et de développement dans notre contrée», s’indignent ces populations. «C’est pourquoi d’ailleurs nous sommes toujours mis sur la liste rouge par la Fao, comme étant une zone à haut risque au plan alimentaire», lance A. SY habitant de Diamel et travaillant dans un projet de développement. «Toutefois nous remercions le Président Macky Sall qui a fait de son mieux, pour désenclaver certaines localités qui étaient complètement isolées. C’est pourquoi nous appelons désormais tous les jeunes du terroir à une réflexion pour la mise en place d’une plateforme commune. Laquelle structure sera une sentinelle pour défendre les intérêts des populations de la région», souligne-t-il. Dans cette région, les jeunes continuent à s’interroger sur l’avenir de leur localité qui pourtant offre d’importantes opportunités économiques surtout dans les domaines agricoles, de l’élevage et de la pêche. Des activités avec un degré d’intensification variant fortement en fonction de la proximité du fleuve Sénégal. Ici les rares personnes qui s’adonnent à la culture le font malgré elles.
Pour ces jeunes de la région la seule personne aujourd’hui qui aide les populations de manière désintéressée, c’est Harouna Dia. L’homme d’affaires, basé au Burkina, est très apprécié ici. «Partout dans la région, Harouna Dia ne cesse de mettre à la disposition des populations démunies d’ambulances, de motopompes, et beaucoup de moulins à mil et des vivres», renseignent des jeunes trouvés dans leurs périmètres agricoles.
Abou KANE