Les habitants de Faraba, une localité au pied de la centrale électrique de Kolda, ont étalé, hier, leur colère et déplorent en plus de l’absence d’infrastructures dans leur zone, le manque d’électricité, le pont de Hilèle en chantier depuis plus de dix ans.
(Kolda) – Deux femmes qui ont leur pagne relevé jusqu’aux cuisses, chaussures à la main, rejoignent l’autre rive du fleuve. Elles sont accompagnées de deux hommes, qui poussent chacun un vélo. Tous les quatre laissent à leur gauche quatre piliers en béton et fer mis en place dans le cadre du chantier du pont de Hilèle. Le lancement des travaux pour la construction dudit pont a été fait depuis 2006. Malgré les belles déclarations, cet ouvrage qui devrait rendre fluide la circulation et éviter aux populations les risques encourus dans la traversée, reste toujours en chantier.
D’où la colère des riverains qui sont sortis, hier, dans la rue pour dénoncer cet éternel chantier. «L’année dernière, un élève s’est noyé en tentant de traverser le fleuve pour rejoindre l’école. Il y a aussi des cas de meurtre sur ce lieu. Le pont est devenu un danger permanent pour nous. Je ne le souhaite pas, cette année encore, on s’attend à enterrer l’un des nôtres à cause d’un pont en chantier depuis 2006», s’inquiète Souleymane Diallo, habitant de Faraba. Pour ce dernier, s’il est achevé, le pont permettra de désenclaver la ville, de relier aisément les quartiers Ndiobène, Hilèle et Sikilo à l’hôpital régional se trouvant à un jet de pierre. Il ajoute que l’ouvrage mettra fin aux cas de noyade enregistrés ces dernières années sur le site. Pourtant, le maire de Kolda, Abdoulaye Bibi Baldé a plusieurs fois promis l’achèvement du chantier du pont. Plusieurs missions d’inspection venues de Dakar se sont à maintes reprises rendues sur le chantier pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux. Lesquels sont toujours à l’arrêt. «Les autorités parlent de monstre qui empêche le chantier d’évoluer. Mais ce sont elles, les monstres car elles ne veulent pas travailler», observe Souleymane Diallo. Autre problème des habitants de Faraba, c’est le manque d’électricité. «Lors du conseil des ministres décentralisé en 2014, le ministre Aly Ngouille Ndiaye qui gérait le département de l’électricité était venu constater ce non-raccordement de Faraba au réseau électrique. Il avait même dit que c’est une injustice à réparer car vous ne pouvez pas vivre au pied de la centrale et ne pas être raccordés au réseau. Depuis lors, il n’y a eu aucune réaction. Nos députés n’en parlent même pas», s’offusque Sambel Mballo, un autre habitant.
Boubacar Diamanka, un autre habitant d’ajouter: «Nous sommes le plus ancien village qui n’est pas raccordé au réseau électrique. Pourtant, nous vivons au pied de la centrale d’électricité. Tous les autres quartiers environnants sont raccordés au réseau électrique». L’hôpital régional de Kolda est aussi pointé du doigt. Selon les manifestants, l’hôpital envoie ses eaux usées dans la zone de Faraba ou bien dans le fleuve. Les populations interpellent les autorités de la région et invitent aussi l’Etat à faire un audit sur le foncier.
Baba MBALLO