Les victimes venaient, pour la plupart, de Benin-City, capitale de l’Etat d’Edo au Nigeria. Mais un prêtre est présenté comme étant au centre du réseau de prostitution en mettant à la disposition des filles des appartements. Au procès, il continue de nier l’évidence.
Depuis 2015, Stanley Omoregie, 35 ans et pasteur de son état, louait des appartements aux filles, généralement jeunes pour “leur rendre service”, dit-il, sans se soucier d’où venait l’importante somme d’argent qu’il leur réclamait à la fin de chaque mois.
Ce mercredi 6 novembre, devant le tribunal à Lyon, Omoregie, que la communauté nigériane surnomme “Splendour”, est resté calme, presque impassible, face aux questions de la présidente.
Il a maintenu sa version des faits, la même qu’il avait servie aux enquêteurs: il ne voulait qu’aider sa communauté. Selon lui, sa réussite a sans doute fait des jaloux, ce qui lui vaut ce “complot”.
L’homme s’exprime dans un français presque parfait, sans cet accent caractéristique du pigin nigérian, ce fameux langage argotique.
Néanmoins, quand il est pressé de questions, ses réponses trahissent un certain manque de sincérité. En effet, c’est bien lui qui louait des appartements aux filles, mais l’idée qu’elles vivaient de la prostitution ne lui a jamais traversé l’esprit.
Alors que la présidente du tribunal lui demande : “Comment pensez-vous que ces femmes faisaient pour vous payer des loyers de plusieurs centaines d’euros par mois, sans travailler, puisqu’elles n’avaient pas de titre de séjour”, il répond qu’il voulait juste leur venir en aide, sans se préoccuper de la provenance de l’argent.
Mais les enquêteurs ne s’étaient pas contentés de cette version, et avaient épluché son téléphone qui a révélé de compromettantes preuves. Il a notamment ce SMS qu’il a envoyé à un numéro inconnu lui demandant “les meilleures”, “celles qui sont mûres et qui ont de beaux corps”.
Malgré l’évidence, une fois encore, il est resté évasif avant d’avouer avoir entendu que certaines filles se prostituaient.
C’est après cela qu’il a cherché à présenter une ligne de défense en rejetant l’accusation de proxénétisme qui est un délit d’une certaine gravité en France. Il a ainsi nié avoir fait travailler des filles pour son propre compte. “Que Dieu me tue maintenant si une fille a travaillé pour moi”.
Ce procès, ouvert depuis la semaine dernière, doit statuer sur le cas de 22 individus, presque tous très jeunes, âgés de moins de 35 ans, à l’exception d’une Française qui tenait un garage où étaient réparées les camionnettes des filles.
Sur les 22, onze comparaissent libres, mais sous contrôle judiciaire, alors que l’autre moitié est actuellement en prison. Ils risquent des peines allant jusqu’à 10 années de prison pour les délits de proxénétisme ou de trafic d’êtres humains.
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