Le combat contre un troisième mandat de Macky et Alpha Condé s’internationalise. Les défenseurs des constitutions sénégalaise et guinéenne ont décidé d’unir leurs forces pour barrer la route à Alpha Condé et éventuellement Macky Sall.
On assiste à un regroupement des organisations de la société civile africaine, plus particulièrement sénégalaise et guinéenne pour dire non à un troisième mandat d’Alpha Condé en Guinée et Macky Sall au Sénégal. En effet, le mouvement Y en a marre, Frapp/France Dégage, Africa Jomm d’Alioune Tine, le Forum social sénégalais et le Front national pour la défense de la constitution (Fndc), un regroupement d’organisations guinéennes, ont décidé de se liguer pour barrer la route aux chefs d’Etat qui seraient tentés de violer ou de tripatouiller leur constitution pour briguer un troisième mandat. En Guinée, Alpha Condé est dans cette optique, au Sénégal, le président de la République, Macky Sall donne l’impression de vouloir briguer un troisième mandat en 2024. «Comme demain il (Macky Sall) serait tenté de faire comme Alpha Condé, il n’ose pas lui dire la vérité. Et si on ne fait pas attention, ce qui arrive à la Guinée arrivera au Sénégal. Et c’est aujourd’hui qu’il faut dire non», affirme Guy Marius Sagna, secrétaire général du mouvement Frapp/France Dégage.
Pour sa part, Mignane Diouf du Forum social affirme que ce qui se passe en Guinée va être expérimenté très prochainement en Côte d’Ivoire. Et si ça passe dans ce pays, dit-il, ce sera deux tests positifs et cela va être expérimenté au Sénégal. «C’est le premier constat du point de vue analyse géostratégique. L’Afrique est un continent exploité et ceux qui l’exploitent obligent nos dirigeants à ne pas respecter leur constitution. Si on ouvre les portes de l’insécurité en Guinée aujourd’hui, si la Guinée éclate et au même moment, le Burkina Faso subit les attaques répétées des terroristes et au moment où le Mali est divisé pratiquement en deux Etats, demain le Sénégal va brûler. Parce que notre pays est le plus lié à la Guinée. Et ce n’est pas par hasard si on compte environ trois millions de Guinéens au Sénégal», souligne Mignane Diouf. «Nous avons pris l’initiative avec d’autres organisations de la société civile pour manifester notre soutien au peuple de Guinée en proie à la déstabilisation et à une régression démocratique dont Alpha Condé est le principal responsable. Il menace la stabilité de la Guinée», affirme Fadel Barro du mouvement Y en a marre. «Nous nous sommes engagés non pas pour des personnes mais pour des principes de préservation de notre liberté et de notre démocratie et de lutte contre toute forme d’impérialisme. Que personne ne nous dise que ce qui se passe en Guinée n’est pas une affaire de Sénégalais. Nous parlons en tant qu’Africains et partout où le peuple africain sente sa démocratie menacée par une personne qui veut remettre en cause la stabilité d’un pays africain, nous nous engageons parce que nous nous sentons concernés», indique Fadel Barro, ancien coordonnateur du mouvement Y en a marre. «Bien avant la constitution du Fncd, nous avons travaillé avec la société civile guinéenne. Parce que si la Guinée est déstabilisée, le Sénégal ne sera pas épargné», dit-il.
Charles Gaïky DIENE