Le Sénégal a, enfin, décidé de franchir un cap dans le scandale de corruption qui frappe la Fédération internationale d’athlétisme amateur (Iaaf). Considéré comme le «cerveau», Papa Massata Diack devrait être mis en examen en novembre prochain, à Dakar.
Ça sent la fin de cavale pour Papa Massata Diack. Ce fils de l’ancien président de la Fédération internationale de l’athlétisme amateur (Iaaf), Lamine Diack est convoqué, le lundi 4 novembre prochain, par le Doyen des juges d’instruction du tribunal hors classe de Dakar. Motif : pour une mise en examen, comme le demandaient les magistrats français qui commençaient pourtant à perdre patience.
Après que le Doyen des juges, Samba Sall, a saisi la Division des investigations criminelles (Dic), dans le but d’identifier les biens et comptes du patron de la société de marketing Pamodzi Sports, la procédure va franchir une autre étape. Selon une source bien au fait de ce dossier, Diack-fils devrait être inculpé, à l’issue de son face-à-face avec le magistrat instructeur, de «blanchiment aggravé».
Pour rappel, un nouveau mandat d’arrêt international avait été lancé contre Papa Massata Diack en juillet dernier. Son avocat, Me Moussa Sarr, avait dénoncé une «manipulation orchestrée par certains médias occidentaux». Là, la musique annonce un changement de rythme. Parce que c’est une promesse de collaboration que l’Etat du Sénégal, qui soutenait ne jamais extrader ses concitoyens, est en train de tenir. Devrait-il en être autrement ? Le «Pays de la Teranga» pouvait-il agir autrement face aux multiples preuves qui accablent Papa Massata Diack dans l’affaire du scandale de corruption qui frappe la Fédération internationale des associations d’athlétisme (Iaaf) ?
Désigné comme étant au cœur de l’affaire de dopage des athlètes russes, le fils de l’ancien président de l’Iaaf aurait joué un rôle dans l’attribution des Championnats du monde d’athlétisme au Qatar, qui se sont tenus du 29 septembre au 6 octobre. Il a été trahi par un courrier confidentiel, daté du 6 octobre 2011, qui réclame le versement de 4,5 millions de dollars Us (plus 440 000 en cash). Un courriel adressé à «Cheick Khaled», identifié comme étant Khaled ben Khalifa al-Thani, soit le directeur de cabinet de l’émir du Qatar en personne, Tamim al-Thani. Il est accusé de corruption dans l’attribution des Jeux olympiques (Jo) 2020 à Tokyo (Japon).
Papa Massata Diack en a peut-être trop fait. Devant le juge français Van Ruymbéké, Diack-père, âgé de 86 ans, aurait regretté les pratiques de son fils, consultant marketing auprès de l’instance mondiale d’athlétisme. «Je savais qu’il faisait du lobbying, comme Sebastian Coe. Mon fils était un des meilleurs au monde en matière de marketing», s’enorgueillit-il. Et après ?
L’ex-président de l’Iaaf s’en est pris à Helmut Digel dont dépendait son fils. Motif : Ce dernier aurait remis à la justice française des documents qui mouillent Papa Massata Diack. «M. Digel raconte des histoires. C’est lui qui avait tout le pouvoir. On a eu cette réunion. Cela m’a choqué, mais c’était Digel qui était entièrement responsable […] Mon fils dépendait de M. Digel […] Digel aurait pu mettre fin à toute collaboration avec lui, il ne l’a pas fait […] J’ai dit à mon fils que c’était une connerie […] Après coup, je me dis que j’aurais dû plus surveiller mon fils et d’autres. En lisant le dossier, je découvre certaines choses, je tombe des nues», confesse Lamine Diack qui devrait être jugé à Paris, en début 2020.
Adama COLY