De son face-à-face avec la presse, Khalifa Sall n’a pas abordé la question essentielle. Celle portant sur la privation de ses droits civils et politiques. Dans un discours fleuve aux allures de programme, il a plutôt manifesté son engagement à diriger le Sénégal.
Même s’il n’a pas parlé de son combat et dévoiler sa stratégie sur la confiscation de ses droits civils et politiques, Khalifa Sall, qui s’est adressé hier aux journalistes, a réaffirmé son encrage dans l’opposition. Dans un discours aux allures d’une présentation de programme, il a manifesté son engagement à diriger le pays. Il n’a pas fait dans la dentelle puisque tous les sujets qui le tiennent à cœur portant sur l’école, sa gestion des ressources gazières et pétrolières, la lutte contre la pauvreté, le changement climatique, le défi sécuritaire et la question migratoire… ont été abordés.
D’emblée, il précise dans une salle bondée et chaude malgré sa climatisation, Khalifa a déroulé. «En évoquant la force de nos convictions et la fidélité à nos valeurs, je veux saluer le mérite de chacune et de chacun d’entre vous d’avoir cru à notre combat et de continuer à faire front. Il s’en trouve encore en nous des femmes et des hommes qui ont tout sacrifié pour un Sénégal plus libre, plus prospère, plus juste et plus solidaire à l’opposé du pays dans lequel nous vivons. C’est le deuxième viatique qui nous différencie du pouvoir et nous engage à nous opposer à ses politiques néfastes pour le peuple sénégalais».
Sous ce rapport, il a réaffirmé son encrage dans l’opposition et son attachement aux conclusions des Assises nationales. «Nous restons sur cette ligne d’ancrage dans l’opposition avec responsabilité mais sans compromission, avec fermeté mais sans excès. De cette position, on ne peut dissocier, et c’est le troisième viatique qui nous différencie également de ceux qui gouvernent, notre attachement aux conclusions des Assises nationales. Parce qu’elles reflètent la richesse des expériences et les attentes du peuple, les conclusions des Assises nationales constituent le document de référence de notre projet», précise le maire révoqué de Dakar».
«Nous ne devons avoir ni haine ni rancœur… »
Elargi de prison le 29 septembre dernier à la suite d’une remise partielle de peine après deux ans et demi de détention, Khalifa ne garde aucune rancune. Qualifiant cette situation à une épreuve, il souligne : «Cette épreuve ne doit pas nous faire perdre notre humanité. Nous en sommes sortis le cœur ouvert. Cela est parfois mal compris mais nous ne devons avoir ni haine ni rancœur même dans l’adversité. Nous ne devons pas céder aux excès de la politique, ni perdre notre temps à ressasser le passé». Ajoutant au passage qu’une grande Nation comme la nôtre ne peut se construire qu’à travers de grandes dynamiques autour des femmes, des hommes et des valeurs. Nous devons être ces femmes et ces hommes et incarner ces valeurs pour tracer un chemin d’espoir pour les millions de Sénégalais qui s’impatientent et s’angoissent. «Je vous parle d’un avenir qui puise ses balises dans les valeurs de notre Nation et qui poursuit la finalité d’un Etat qui tient sa promesse pour tous ses citoyens. Je vous parle de l’avenir qui se construit dans la paix, avec notre volonté commune et avec des énergies plurielles et positives. Cet avenir ne serait pas partagé sans des réponses pertinentes à notre questionnement collectif sur notre vivre ensemble mis à mal depuis quelques années. Vivre ensemble, ce n’est pas seulement la coexistence des communautés, c’est la communion entre des femmes et des hommes ayant le même sentiment d’appartenance à une Nation ouverte à toutes les fraternités, partageant les mêmes valeurs et unis par un destin commun», conclut Khalifa Sall.
Magib GAYE