Il aurait certainement rêvé d’évoluer dans un cadre qui respire bon le football. De retrouver le Brésil qu’il avait quitté blessé quelques jours avant une Copa America ponctuée par le sacre de la Seleção.
Au lieu de ça, c’est à Singapour, dans une enceinte davantage connue pour accueillir des matchs de cricket, que Neymar fêtera sa 100e sélection, en amical contre le Sénégal ce jeudi.
Pour tout footballeur, c’est un chiffre qui compte. Une marque historique dans une carrière internationale qu’il a débutée à 18 ans en 2010 avec un but à la clé. Le meneur de jeu sud-américain va l’atteindre à 27 ans seulement. « Je suis très heureux d’arriver à ce niveau. Même dans mes rêves, je n’imaginais pas que cela puisse arriver », a-t-il reconnu en conférence de presse après avoir reçu un maillot floqué du numéro 100 des mains de Bebeto.
A la poursuite de Cafu et Pelé
Pour situer l’ampleur du phénomène, 100 sélections, c’est plus que Pelé, Ronaldo ou Romario. Et, à ce rythme, aussi fou que ses dribbles, les 142 capes du recordman Cafu risquent de devenir rapidement banales. « Cette 100e sélection est quelque chose de magnifique et de significatif dans notre histoire, confirme Raphael de Angeli, journaliste à Globo et présent à Singapour. Si tout se passe bien, il a vraiment de grandes chances de devenir le joueur le plus capé et surtout le meilleur buteur devant Pelé (NDLR : 77 buts contre 61 pour Neymar). »
Le bilan est flamboyant et fera certainement entrer Neymar dans les livres d’histoire du football. Et, pourtant, son cas divise toujours autant au Brésil. Sur le talent pur du joueur, rien à dire. Son absence lors de la dernière Copa America n’a d’ailleurs pas poussé le sélectionneur Tite à modifier ses plans. « Neymar fait partie des trois meilleurs joueurs au monde dans des conditions normales, c’est-à-dire sans blessure, en enchaînant les entraînements, avec de la régularité sur le terrain », a déclaré Tite.
Il a perdu le brassard de capitaine
Le souci se situe davantage au niveau de l’image et de l’attitude du numéro 10. Son altercation avec un supporter rennais en finale de Coupe de France lui a tout d’abord coûté le brassard de capitaine, désormais porté par Dani Alves, tandis que les fausses accusations de viol, dont il a fait l’objet, ont écorné son statut sur le moment.
« Son transfert au PSG et ses blessures n’ont pas non plus amélioré son image qui est un peu froide auprès des Brésiliens. Cela a été perçu comme un pas en arrière, analyse De Angeli. Mais il cherche à montrer un meilleur visage en multipliant les actions avec les supporters, à leur parler en dehors du terrain. »
Ce changement d’attitude doit désormais trouver son prolongement sur le plan sportif. Car aussi indiscutable et important soit-il (NDLR : 61 buts et 41 passes décisives), la trace laissée par Neymar dans l’histoire de l’équipe du Brésil reste encore maigre : 64 de ses 99 sélections ont eu lieu dans des rencontres amicales. « J’ai toujours été l’un des plus grands noms et j’ai toujours tout porté sur mon dos. J’ai toujours très bien joué mon rôle en équipe nationale », s’est-il défendu.
«Il a le temps pour devenir le deuxième plus grand joueur du Brésil»
Il y a bien une Coupe des confédérations (2013) et cet or olympique glané à Rio en 2016, mais ses deux éliminations en quarts de la Copa America et son incapacité à mener la Seleção vers un sixième sacre en Coupe du monde (NDLR : blessure en quart de finale en 2014, élimination en quart en 2018) pèsent lourd au moment de faire les comptes.
1. Cafu – 142 sélections
2. Roberto Carlos – 125 sélections
3. Dani Alves – 115 sélections
4. Lucio – 105 sélections
5. Claudio Taffarel – 105 sélections
6. Robinho – 100 sélections
7. Neymar – 100 sélections
8. Ronaldo – 98 sélections
9. Ronaldinho – 97 sélections
10. Dunga – 95 sélections