La situation n’en finit plus de se tendre au sein de l’administration Trump. Alors que le président américain est sous le coup d’une enquête parlementaire explosive en vue d’une procédure de destitution, l’avocat d’un employé du département d’Etat a affirmé ce mardi 8 octobre que la Maison-Blanche avait interdit à son client de témoigner face à différentes commissions d’enquête. Problème : cet ordre pourrait être vu comme une tentative d’obstruction à la justice.
Gordon D. Sondland, ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne et important donateur de la campagne Trump, « est très déçu de ne pas pouvoir témoigner aujourd’hui », écrit son avocat dans un communiqué cité par le « New York Times ».
« L’ambassadeur pense profondément qu’il a toujours agi selon les meilleurs intérêts des Etats-Unis, et se tient prêt à répondre clairement aux questions du comité. »
Si les raisons de cet ordre n’ont pas été avancées, l’ambassadeur « espère que les problèmes évoqués par le département d’Etat » pour l’empêcher de témoigner « seront résolus rapidement ».
Sondland était censé témoigner mardi matin dans le cadre de l’enquête parlementaire autour de « l’affaire ukrainienne », dans laquelle le président Donald Trump est soupçonné d’avoir fait pression sur l’Ukraine afin d’obtenir des informations compromettantes sur son rival politique Joe Biden. Comme le souligne son avocat, en tant qu’employé du département d’Etat, Sondland n’avait d’autre choix que se plier à l’ordre de l’administration Trump, quelques heures seulement avant son audition.
Bien que l’Ukraine ne fasse pas partie de l’Union européenne, Gordon D. Sondland s’est retrouvé impliqué dans l’affaire qui entoure l’appel entre Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
« Je suggère que nous arrêtions ces échanges par SMS »
Sondland est considéré par les députés démocrates comme un témoin clé de l’enquête. Comme le rappelle le « New York Times », le président américain lui aurait demandé de gérer les relations entre les deux pays. Il a notamment discuté avec Donald Trump avant et après l’appel controversé et a fait partie des interlocuteurs dont les SMS embarrassants ont été publiés par la presse. « Comme je l’ai dit au téléphone, je trouve ça dingue de suspendre l’aide sécuritaire en échange d’un coup de main pour une campagne politique », écrit notamment Bill Taylor, un diplomate de carrière.
« Bill, je pense que vous avez tort concernant les intentions du président Trump. Le président a été très clair, pas de contrepartie, d’aucune sorte », lui répond Sondland. « Je suggère que nous arrêtions ces échanges par SMS. »
« J’adorerais envoyer l’ambassadeur [Gordon] Sondland, un homme très bien et un grand Américain, témoigner, mais malheureusement il témoignerait devant un tribunal bidon totalement partial », s’est justifié Donald Trump sur Twitter dans la foulée de la publication de l’article du « New York Times ».
Mais quoi qu’en pense le président américain, la volonté de la Maison-Blanche de cadenasser le témoigne de Sondland risque de provoquer d’important remous dans l’enquête : les députés démocrates ont répété à plusieurs reprises que si l’administration Trump tentait d’interférer dans les investigations, ils considéreraient ceci comme de l’obstruction à la justice : une offense potentiellement passible de… destitution. Mais comme le souligne le « New York Times », la Maison-Blanche a sans doute préféré prendre ce risque, plutôt que de voir Sondland coopérer dans cette enquête qu’elle juge illégitime.
Les trois commissions qui devaient interroger Sondland (Affaires étrangères, Renseignement et Supervision de l’exécutif) n’ont pas encore réagi à la nouvelle.
Malgré les multiples attaques du président américain à son encontre, l’enquête dans le cadre de la procédure de destitution de Donald Trump se poursuit au Congrès. Alors qu’un deuxième lanceur d’alerte s’est déclaré prêt à témoigner, les élus démocrates chargés de l’enquête ont exigé lundi du Pentagone et du responsable budgétaire de la Maison-Blanche qu’ils leur livrent des documents concernant l’affaire ukrainienne. Le Pentagone avait déjà déclaré être prêt à coopérer.
De son côté, Trump multiplie les provocations : il a notamment ouvertement appelé la Chine a enquêté sur Joe Biden le 3 octobre dernier.
Nouvelobs