La décision du président de la République, Macky Sall, de nommer un nouveau patron à l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres), en remplacement de Mamadou Sy Mbengue, ne fait pas l’unanimité chez les centrales syndicales. Comme s’ils se sont passé le mot, ils qualifient la décision d’illégale. Selon eux, l’article 27 préconise la désignation de celui-ci par le conseil d’administration de l’Ipres.
La nomination en Conseil des ministres du 02 octobre dernier, d’un nouveau directeur général de l’Ipres, en remplacement de Mamadou Diagne Sy Mbengue, est mal perçue par les organisations syndicales du pays. Cette décision du chef de l’Etat a fait sortir les secrétaires généraux desdites organisations de leurs gonds. Dans un silence assourdissant depuis le 1er mai dernier, fête internationale du travail, ces derniers viennent d’effectuer leur come-back sur la scène de l’actualité. Et c’est pour contester jusqu’à la dernière énergie ladite décision qu’ils logent dans ce qu’ils qualifient de «pouvoirs exorbitants» du chef de l’Etat.
En effet, après les sorties de Mody Guiro, secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (Csa) et de Cheikh Diop qui dirige la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal-forces du changement (Cnts/Fc), c’est au tour de Mademba Sock, secrétaire général de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas), de monter au créneau. Celui-ci, à l’égard de ses collègues, désapprouve «(…) la tentative d’accaparement, par le président de la République, d’une prérogative légalement reconnue au conseil d’administration» de l’Ipres. «Cette décision, si elle se matérialise, va constituer une violation grave et flagrante de l’autonomie de gestion des institutions de prévoyance sociale dont le fonctionnement est fondé sur le tripartisme, un principe essentiel de la démocratie sociale laborieusement acquise dans notre pays», dénonce-t-il, dans un document dont WalfQuotidien déteint copie.
Joignant sa voix à celles de ses pairs, le patron de l’Unsas rappelle qu’en conformité avec les lois et les règlements du pays, «l’article 27 des statuts de l’Ipres dispose qu’il appartient au Conseil d’administration de nommer le directeur de l’institution». Ceci dit, signale Mademba Sock, les organes de décision de l’institution en question, précisément le collège des représentants, le Conseil d’administration et son bureau, sont composés de manière tripartite par les représentants des organisations syndicales les plus représentatives, des organisations patronales et de l’Etat. «La signature d’un décret de nomination du directeur de l’Ipres serait illégale, et par conséquent va dégrader le niveau assez positif du dialogue social atteint au Sénégal. L’Unsas recommande à l’Etat de savoir raison garder et de restituer, dans les meilleurs délais, au conseil d’administration de l’Ipres sa prérogative de nomination d’un directeur», réclame-t-il. Avant d’ajouter : «Solidaire de toutes les confédérations syndicales réunies au sein de la coalition des centrales syndicales affiliées à la CSI, l’Unsas restera mobilisée pour préserver la démocratie sociale dont le piétinement ne saurait être toléré».
Salif KA